Alors que 2017 venait d’être reconduite "année de la littérature russe", un étrange ovni faisait son apparition à Moscou : Manaraga. Le dernier roman de Vladimir Sorokine se déroule au beau milieu du XXIe siècle et décrit une société où les livres, faute d’être lus, ne sont plus imprimés. Pire, Manaraga conte les tribulations d’un cuisinier qui invente un nouveau business, le book’n’grill, où les livres deviennent le "combustible de luxe" d’une "nouvelle cuisine" très haut de gamme. Car pour donner ses lettres de noblesse et un supplément d’âme aux mets servis, il est obligatoire d’utiliser des éditions originales : un chachlik d’esturgeon se grille sur L’idiot, un steak à l’américaine sur Finnegans wake, un carré d’agneau sur Don Quichotte… Plus un exemplaire est rare et cher, meilleure est la chère. Et feuilleter les livres avec cérémonie quand ils prennent feu se nomme "une lecture" dans le jargon de ces nouveaux rôtisseurs.
Pour justifier son propos, Sorokine relève que les Russes continuent à vivre dans leurs livres, avec leurs livres, selon leurs livres - "la vie russe a toujours été, en quelque sorte, littéraire, comme la vie américaine est cinématographique" - et qu’aucun grand roman réaliste décrivant la vraie Russie post-soviétique n’a encore été écrit. Il reste que Manaraga est une œuvre de fiction et que la littérature russe ne s’est jamais aussi bien portée que l’année écoulée, comme l’assure Galina Youzéfovitch, la critique la plus influente de la scène littéraire moscovite.
Soutien des autorités de tutelle
Ce n’est pas par hasard que 2017 est devenue une année phare, car commémoration officielle ou pas, le centenaire de la révolution d’Octobre a joué un rôle d’accélérateur des tendances déjà perceptibles depuis quelques années, voire des décennies. Encore faut-il préciser dans quel environnement se développe la littérature russe contemporaine. Lors de la remise, en décembre 2017, du prix Bolchaïa Kniga (Le grand livre), le plus prestigieux et le mieux doté (1) des prix littéraires, qui récompensait Lev Danilkine pour son Lénine procrator, Mikhaïl Seslavinski, le patron de l’Agence fédérale de la presse et de la communication de masse, ne cachait pas sa joie : "Nous avons un cadeau pour les écrivains : une augmentation des tirages de 20 %." Un commentateur du site Gorky se permettait de donner quelques précisions sur ce chiffre (2) et montrait que cette augmentation était le fait d’une importante commande, par l’Etat, de réédition de manuels scolaires (+ 80 %) aux éditions Prosveshchenie (3). Ce qui, en effet, n’est sans doute pas mauvais pour l’édition en général et les statistiques en particulier, car si le nombre d’exemplaires produits a chuté entre 2014 et 2015 (- 5,4 %) et, plus largement, depuis 2008 (- 40 % de 2008 à 2015), il est remonté en 2017 (4). Au crédit de cette inversion de courbe, on doit aussi mentionner un gros effort des autorités de tutelle comme, entre autres, le soutien accru aux salons et foires du livre, avec une manifestation emblématique sur la place Rouge, l’opération "Année de la littérature" reconduite d’année en année et de nouveau en 2018. Ajoutons une attention marquée pour la lecture et les écrivains nationaux. Toutes ces initiatives ne freinent en rien l’accroissement constant d’auteurs traduits (40 %), plus rentables pour un éditeur russe qu’un auteur national.
Quoi qu’il en soit, et c’est le plus important, le lectorat russe est encore bien présent. Si l’édition a beaucoup souffert depuis 2008, les lecteurs ont malgré tout résisté. Selon une enquête réalisée en 2017 par VTsIOM (5), 60 % déclarent aimer lire contre 48 % trois ans auparavant. Ils disent lire 26 livres par an (contre 18 en 2014) et aller plus souvent en bibliothèque (13 % contre 8 %).
A côté des acheteurs des best-sellers de Daria Dontsova, auteure de polars incontournable aux 123 titres, avec 1,3 million d’exemplaires en 2016, ou, dans la même catégorie, Tatiana Oustinova (762 000 ex.) et Tatiana Poliakova (715 000 ex.), les lecteurs fréquentant les bibliothèques sembleraient plébisciter la "vraie littérature" (6). Si on a pu noter une demande sur Anna Karénine ou sur Une passion secrète d’Axionov après des adaptations pour la télévision, la liste des prêts habituels est très instructive. Ainsi, à Moscou, c’est L’échelle de Jacob de Ludmila Oulitskaïa, qui est en tête des demandes, suivi des livres d’Evgueni Vodolazkine (7) et de Dina Roubina. En province, c’est encore La passion secrète d’Axionov, suivi de nouveau par Evgueni Vodolazkine et Dina Roubina. En 2017, ViktorPelevine est souvent arrivé en tête en province, et on notera au passage une bonne performance des Bienveillantes de Jonathan Littell, devenu un long-seller en Russie (8).
Internet prescripteur
Le choix des lecteurs est le plus souvent guidé par des critiques prescripteurs qui officient essentiellement sur Internet (très utilisé depuis longtemps en Russie) ou sur des sites modernes au design sophistiqué comme Meduza, Gorky, Textura, Aficha… Des noms s’imposent comme ceux de Galina Youzéfovitch, Elena Makeenko, Konstantin Miltchin, Alexandre Gavrilov… ou encore l’écrivain et critique Lev Danilkine, sans oublier la revue Voprossy literatouri, revue universitaire institutionnelle sur la littérature. Chacune ou chacun donne son opinion, renouvelant complètement le genre, très au fait de la littérature en train de se faire (russe comme étrangère), intervenant en public, dans les médias, n’hésitant pas à défendre avec passion un auteur. Sur Internet, ils relaient des débats, sont accessibles, répondent aux lecteurs sur Facebook, s’emploient à créer une communauté exigeante d’amoureux des livres de qualité, toutes catégories confondues. La responsable d’un club de lecture, Janna Galieva, explique ainsi son fonctionnement : "Concernant la prose russe contemporaine, Galina Youzéfovitch est, pour les lecteurs, le grand gourou, ils veulent lire immédiatement tous les livres qu’elle défend et en parler" (9).
Depuis la fusion en une seule holding des deux principaux "monstres" éditoriaux, AST et Eksmo, AST domine très largement le secteur de la littérature contemporaine avec le label "Sous la direction d’Elena Choubina" (10). Quand cette transfuge de Vagrius a vu partir chez Eksmo ses auteurs, Viktor Pelevine et Ludmila Oulitskaïa, elle a décidé, en 2007, d’accepter la proposition de longue date de AST et de rejoindre le groupe. Dans ses valises : Zakhar Prilepine, Alexandre Kabakov, Mikhaïl Chichkine, Vladimir Charov, Olga Slavnikova, Pavel Bassinski, Igor Sakhnovski, Alexander Guenis, Léonid Youzéfovitch, le débutant Sergueï Chargounov… Depuis, elle truste la majorité des écrivains, avec un succès qui ne se dément pas et des tirages à 150 000 exemplaires (chiffre énorme à l’échelle du marché russe) pour Obitel (L’archipel des Solovki) de Zakhar Prilepine, Le géographe a bu son globe d’Alexeï Ivanov, Zouleikha ouvre les yeux de Gouzel Iakhina, Lavr (Les quatre vies d’Arseni) et L’aviateur d’Evgueni Vodolazkine (11). L’éditrice n’envisage cette liste ni comme un groupe ni comme une école, juste des voix les unes à côté des autres, sans aucune idéologie qui les rassemble. Elena Choubina s’en explique : "Ce label qui porte mon nom est la garantie d’une exigence et d’une qualité, d’une certaine idée de la littérature - c’est-à-dire une prose de haut niveau, une esthétique, des Mémoires russes, des biographies… La prose contemporaine donne le sentiment prégnant d’être le nerf de la vie ici et maintenant. Les lecteurs veulent voir dans un livre un interlocuteur et un possible dialogue, la "seconde réalité" s’avère être la littérature. En ce moment, nous vivons une situation unique : la prose s’est émancipée pour inaugurer un dialogue avec les lecteurs" (12). Ce qui n’est pas sans rappeler ce que dit Alexandre Gefen dans Réparer le monde : "Ecrivants et lecteurs sont en recherche d’un "nous", indique Gefen : l’écrivain peut peut-être alors "redevenir le conteur capable d’insuffler du commun à la communauté, selon l’allégorie, usée mais toujours si pertinente, de Walter Benjamin"" (13).
Paysage littéraire changeant
La liste complète des auteurs d’Elena Choubina est décourageante, à se demander qui n’est pas publié par cette éditrice hors pair et hors normes. Son succès est le fruit de la rencontre entre une grande professionnelle et une puissante entité éditoriale, dont la force de frappe commerciale est exceptionnelle. Les grands prix littéraires lui étaient pratiquement réservés jusqu’à cette année où la première place de Bolchaïa Kniga (Le grand livre) (14) lui a échappé, comme auparavant celle du Booker russe (15).
Tandis que Ludmila Oulitskaïa rentrait au bercail, Viktor Pelevine est resté chez Eksmo qui regroupe un autre escadron d’auteurs (Iouri Bouïda, Andreï Guelassimov, Alexandre Sneguirev…). Les éditions Limbus, à Saint-Petersbourg, la revue Volga dans l’Oural, Astrel, Lenizdat, Arsis Boks, Molodaïa Gvardia, des petites maisons indépendantes, et d’autres encore, ne sont pas en reste, comme Vremia qui publie les œuvres complètes de Svetlana Alexievitch devenue prix Nobel en 2015.
Les autres maisons d’édition se partagent encore beaucoup d’écrivains. Les éditions Corpus, filiale de AST, publient Sorokine qui n’a rien perdu de son allant : "En Occident, dit-il, être écrivain est une profession. Chez nous, c’est un travail de sape : l’écrivain sape les fondements de l’Etat" (16).
On remarque que les auteurs qui ont émergé dans les dernières années de l’URSS et juste après son implosion, restent présents dans le paysage littéraire actuel : Svetlana Alexievitch, Ludmila Petrouchev-skaïa, Léonid Youzéfovitch, Victor Erofeev, Valéri Popov et, après 1991, Piotr Alechkovski, Iouri Bouïda, Ludmila Oulitskaïa, tous trois appartenant à "une génération d’écrivains venus après le réalisme socialiste et qui n’ont plus rien à voir avec l’alternative littérature officielle vs dissidente", comme le précise Georges Nivat (17).
Le paysage littéraire est changeant. Keith Gessen, un critique américain, notait que, "à peu près à la moitié de la seconde présidence Poutine, un curieux phénomène a commencé de se produire chez les romanciers russes : tous ont entrepris d’écrire des dystopies, ces récits d’anticipation qui imaginent un avenir de cauchemar" (18). On a vu ainsi, en 2006, Vladimir Sorokine publier Journée d’un opritchnik, une satire dystopique des "services", Olga Slavnikova triompher avec 2017 où, de nouveau, les Rouges et les Blancs s’entretuent, et Dmitri Bykov, décrivant dans son ZhD un futur où la Russie est en guerre…
"Flash-back permanent"
Quid, une décennie plus tard ? Le genre est abandonné sauf par Sorokine dans ses deux derniers romans Telluria et Managara. Au passage, on notera aussi que l’autre représentant du postmodernisme, Viktor Pelevine, vient de faire un retour en fanfare avec iPhuck 10, du nom d’un algorithme permettant de résoudre des crimes et d’en faire des fictions. "Son meilleur roman depuis dix ans", a claironné la critique.
Mais s’il fallait dégager une tendance lourde, ce serait peut-être aujourd’hui la prééminence d’un "flash-back permanent". L’écrivain Sergueï Kouznetsov, l’auteur de Kaleidoscope paru chez Elena Choubina, s’en désole : "On peut dire de la révolution de 1917 qu’elle est, depuis un siècle, le trauma indépassable de la littérature russe. A quelques exceptions près, qui ne font que confirmer la règle, la littérature russe tente de comprendre ce trauma, de l’éliminer ou d’en faire au contraire une bénédiction. L’écrivain russe est obligé d’écrire d’une façon ou d’une autre sur le thème "Comment cela a-t-il pu se produire dans la Russie du XXe siècle, qu’est-ce qui… ". Lorsqu’un écrivain est convaincu qu’un événement qui s’est produit il y a cent ans est important au point qu’on peut encore ne penser qu’à ses causes et à ses conséquences, cela s’appelle, même si je ne voulais pas employer le terme, du "provincialisme"" (19).
Un mot contre lequel s’insurge Alexeï Ivanov, qui fait l’éloge de la province, des provinces, et refuse de quitter son Oural : "Pour simplifier à l’extrême, je dirais que la Russie est composée de différents projets culturels, de différentes identités régionales… Quand j’écris sur la province, j’écris d’abord sur l’une ou l’autre de ces identités. Par exemple, dans Civilisation minière, qui porte sur l’identité ouvrière de l’Oural, j’aborde les valeurs de celle-ci, les formes sous lesquelles elle se manifeste, les stratégies qu’elle développe pour exister. Tout cela me passionne. A Moscou, les gens ont l’impression qu’au-delà du MKAD périphérique, tout est fait sur le même moule. Mais la diversité intérieure de la Russie est infinie" (20).
Certains ont regretté que la chute de l’URSS n’ait pas donné lieu à un procès de Nuremberg. Mais est-ce le rôle de la littérature de l’instruire aujourd’hui ? "Les écrivains russes vivent avec la conviction qu’ils doivent proclamer une vérité définitive sur le monde, notait Lev Danilkine. Sans cela, ils considèrent leur "mission" non remplie. Les écrivains russes revêtent toujours des habits de prophète" (21).
Le critique Ilya Kukulin revient sur la prégnance de ce passé qui ne passe pas : "Au cours du XXe siècle, la société soviétique a vécu une expérience énorme, psychologiquement catastrophique, qui, comme cela a souvent été souligné, ne pouvait s’exprimer par des méthodes littéraires traditionnelles. Ce type d’expérience trouve une meilleure traduction dans la poésie ou dans la prose de Svetlana Alexievitch…" (22).
La réception de l’œuvre de Svetlana Alexievitch en Russie est, à cet égard, symptomatique. Si on laisse de côté les réactions politiques à l’attribution du Nobel - on avait déjà connu cela avec Pasternak -, les réticences sont venues de sa méthode, de ses procédés littéraires, pour donner à entendre ce qu’elle appelle les "Voix de l’utopie" et ce, tout spécialement dans La fin de l’homme rouge, son livre le plus polyphonique. Dans une revue russe en ligne très sérieuse, on a été jusqu’à dire : "c’est un magnétophone qui écrit". L’œuvre de Svetlana Alexievitch reste singulière et unique dans la littérature russe contemporaine parce qu’elle a trouvé le procédé littéraire capable d’exprimer cette interrogation eschatologique sur le destin du peuple russe et soviétique. Du coup, elle a créé les conditions d’un authentique "roman national" écrit par le peuple, le "fameux peuple qui manque" cher à Deleuze.
Le roman concurrencé
A y regarder de plus près, un grand nombre d’écrivains contemporains pourraient participer, peu ou prou, de ce "roman national"… Si on examine le palmarès de Bolchaïa Kniga (Le grand livre) 2017, l’année du centenaire de la révolution d’Octobre, cela saute aux yeux : la médaille d’or a récompensé Lev Danilkine pour un Lénine sorti du mausolée, un récit heureusement "expérimental", proche d’une bio-fiction ; la médaille d’argent a échu à Sergueï Chargounov pour sa biographie de l’écrivain soviétique Kataev, une vie compliquée par un auteur compliqué, classé "nouveau réaliste" avec Prilepine - lui-même auteur du roman Obitel, qui se passe dans le premier goulag - et tous deux disciples de Limonov ; enfin, le bronze est revenu à Chamyl Idiatoulline pour Brejnev, l’évocation d’une enfance dans les années 1990 comme une boîte trouvée dans un grenier que l’auteur partage avec ses lecteurs. Au lieu de la grande histoire, des souvenirs personnels.
Des biographies récompensées, il faut le souligner. Un genre en concurrence directe avec le roman, genre noble, dont l’expression la plus remarquée et la plus controversée, cette année 2017, a été Juin de Dmitri Bykov, un gros pavé ambitieux puisqu’il s’agissait de trois histoires parallèles qui se croisent et s’arrêtent toutes en juin 1941, au début de la guerre. L’année précédente, il y avait eu Zouleikha ouvre les yeux de Gouzel Iakhina… "Sur quoi Zouleikha ouvre-t-elle les yeux, comme l’écrit son éditeur français (23). Le roman recrée un monde où la culture populaire tatare joue un rôle à la fois protecteur et cruel pour l’héroïne… Ce roman magnifique semble apporter une sorte de catharsis à l’incroyable aventure stalinienne, où le pays s’est détruit, construit, a survécu."
L’histoire reste très présente dans les romans récents : dans Tobol d’Alexeï Ivanov, une épopée à l’époque de Pierre-le-Grand qui joue sur l’histoire et la géographie dans La rose des vents d’Andreï Guelassimov, sur les traces d’un amiral qui a conquis de nouvelles terres au XIXe siècle, ou dans L’aviateur d’Evgueni Vodolazkine résumée comme "une question longue de 400 pages, où [il s’]interroge sur ce qui nous est arrivé en 1917".
Léonid Youzéfovitch, auteur de La route hivernale, un chapitre peu connu de la guerre civile, ne se fait guère d’illusions : "Nous nous imaginons que si nous sommes capables d’expliquer le passé, nous pourrons envisager l’avenir avec une plus grande sérénité… C’est une illusion. Rien dans l’avenir ne se passe comme nous l’avons prévu. C’est la seule leçon que l’on peut tirer de l’Histoire" (24).
Pouvoir des mots
Pour donner une idée de la vitalité de la prose russe contemporaine, on pourrait suivre Galina Youzéfovitch sur son compte Facebook qui dresse un bilan de l’année 2017. Une année emblématique. Elle déroule ainsi son palmarès, ses coups de cœur : iPhuck 10, le livre féerique de Pelevine, Manaraga de Sorokine, l’extraordinaire Zaxxok de Vladimir Medvedev, la guerre civile au Tadjikistan juste avant la chute de l’URSS, le clair, lumineux roman Qui ne s’est pas caché ? de Yana Vagner, "je voudrais plein de livres comme celui-là qui nous parlent de nous", l’incroyable Les Petrov et la grippe d’Alexeï Salnikov, un des meilleurs livres russes parus récemment, écrit dans une langue unique, Brejnev de Chamyl Idiatoulline, pour cette enfance soviétique retrouvée, Souvenirs souvenirs de Marina Stepnova, Ne te retourne pas de Maria Galina, une vraie boîte de bonbons, Text de Dmitri Gloukhovski, une première œuvre éblouissante, Lénine de Danilkine, La rose des vents de Guelassimov, l’histoire d’un amiral, une prose honnête, sincère, Regardez-moi, le nouveau Bassinski, qui n’est pas, Dieu merci, sur Tolstoï, un remarquable Chaînon manquant de Stanislas Drobychevski, l’anthropologie pour les nuls, un intelligent Professeur Dymov de Sergueï Kouznetsov, très bien mais qui ne vaut pas son Kaleidoscope, Le prince incognito de Posinski qui intrigue toujours, et bien sûr Juin de Bykov, paru il y a six mois mais qu’on n’oublie pas… Comme on peut le voir, cette richesse et cette diversité témoignent de la bonne santé de la littérature russe contemporaine. A quoi il faut ajouter une liberté de ton intacte (25).
2018 sera l’année du centenaire de la naissance de Soljenitsyne, un exemple extraordinaire de la force morale d’un écrivain, du pouvoir des mots. Une journée d’Ivan Denissovitch et L’archipel du goulag, imprimé en russe à Paris sur des presses françaises dans le plus grand secret, portent témoignage qu’en Russie la littérature a toujours été plus que de la littérature.
Aujourd’hui, en cadeau de fin d’année, Boris Akounine a mis en ligne et en accès libre un large extrait inédit du dernier volume des aventures d’Eraste Pétrovitch Fandorine, qui doit sortir en février. Une autre époque ! M. P.
(1) Sponsorisé par Gazprom, il est doté de 3 millions de roubles, soit 43 000 euros.
(2) Site Gorky, le 21.12.2017.
(3) Troisième maison d’édition de Russie après le holding AST-Eksmo (30 % des parts de marché). Dirigée un temps par ce même M. Seslavinski, avec récemment encore le milliardaire Arkady Rotenberg comme actionnaire de référence.
(4) Voir Bief, "Fiche pays, Russie", janvier 2017
(5) Institut de sondage.
(6) "La prose contemporaine russe en tête dans les bibliothèques", site RG (17.2.2017).
(7) "Les jeunes vont en bibliothèque", site RG (31.1.2017).
(8) "Les bibliothèques de Moscou", site RG (16.2.2017).
(9) ??????? ???? ????? ???????? (Knijny Klub Janna Galieva) sur Facebook.
(10) En russe : "Sous la rédaction". Le "rédacteur" était un personnage central de l’édition en Union soviétique, à la fois censeur et "éditeur" chargé de l’editing. Un temps supprimée dans les nouvelles maisons d’édition, cette fonction a été rétablie. Elena Choubina ne manque pas une occasion de souligner le rôle essentiel des "rédacteurs".
(11) Site de l’AST.
(12) Site de l’AST.
(13) Eric Loret, "La littérature thérapeutique", compte-rendu de Réparer le monde d’Alexandre Gefen (José Corti, 2017), dans En attendant Nadeau le 19.12.2017 (www.en-attendant-nadeau.fr/2017/12/19/litterature-therapeutique-gefen). Voir aussi "Bibliothérapie : Les écrivains qui soignent", dans LH 1148, du 3.11.2017, p. 18-19.
(14) Lev Danilkine pour Lénine procrator.
(15) Alexandra Nikolaenko pour Tuer Bobrikine.
(16) Anne Coldefy-Faucard, dans Le Courrier de Russie, 13.12.2017. www.lecourrierderussie.com/culture/2017/12/vladimir-sorokine-ecrivain-travail-sape).
(17) Staline avec nous ?, 2016, essai sur Internet.
(18) Keith Gessen, dans Books, mai 2011 (www.books.fr/quand-la-realite-rejoint-la-dystopie).
(19) Entretien avec l’auteur.
(20) Alexeï Ivanov, dans Le Courrier de Russie, 3.11.2014 (www.lecourrierderussie.com/societe/gens/2014/11/alexei-ivanov-russie-diversite).
(21) Lev Danilkine, dans Le Courrier de Russie, 9.7.2010 (www.lecourrierderussie.com/ culture/2010/07/gens-de-lettres).
(22) Dans TextOnly, journal en ligne édité par Ilya Kukulin.
(23) G. Nivat, Staline avec nous ?.
(24) Léonid Youzéfovitch, Le Courrier de Russie, 9.7. 2010 (www.lecourrierderussie.com/ culture/2010/07/gens-de-lettres).
(25) La poésie (AST-Eksmo, dans une récente conférence de presse, s’engage à promouvoir la poésie dont on sait l’importance dans la littérature russe) et le slam, genre populaire très vivant, semblent en dehors de tout contrôle. Les livres jeunesse, eux, sont plus "surveillés". On se souvient de l’épisode, en 2013, du retrait, pour russophobie, de la traduction russe de l’ouvrage Les drapeaux du monde entier expliqués aux enfants, édité en France par La Martinière. L’interdiction déguisée avait été causée par l’histoire du drapeau de la Lituanie, dont les auteurs expliquaient que la couleur rouge représentait "le sang du peuple lituanien versé pour la liberté dans son combat contre les envahisseurs russes et germaniques". - Dans un tout un autre domaine : en ce début d’année, le film La mort de Staline d'Armando Iannucci, d’après la BD éponyme de Thierry Robin et Fabien Nury publiée chez Dargaud, a été interdit, accusé de tourner en dérision le "passé soviétique". Pour appuyer cette mesure, le réalisateur Nikita Mikhalkov et plusieurs personnalités ont déclaré dans une pétition que "non seulement Staline, mais tous ses maréchaux, et même Joukov, sont dépeints comme des idiots hideux, alors que ce sont eux qui ont gagné la guerre".
22 auteurs russes à Livre Paris 2018
Si les grands noms comme Vladimir Sorokine, Viktor Pelevine ou Svetlana Alexievitch, prix Nobel 2015, sont absents de la délégation officielle, les auteurs russes présents à Paris représentent bien la diversité et le dynamisme de la littérature russe (1).
Narinai Abgaryan
Née en 1971 à Berd (Arménie), Narinai Abgaryan a grandi en Arménie soviétique. Après des études de linguistique et de philologie à l’université d’Erevan, elle s’installe à Moscou en 1993. Son premier roman, autobiographique, Maniounia (Astrel, 2010), la révèle aux lecteurs russes. Elle est l’auteure de sept autres romans, dont deux traduits en français après leur succès en Russie. Son œuvre littéraire s’inspire de l’Arménie de sa jeunesse dans le Haut-Karabagh, région frappée par la guerre à la fin des années 1980.
Publications en France, traduites par Ekaterina Cherezova : Dans mon cœur à jamais (Macha Publishing, 2016) ; Et du ciel tombèrent 3 pommes (Macha Publishing, 2016). Ces deux titres sont réédités le 12 mars.
Piotr Alechkovski
Archéologue de formation, journaliste et grand reporter, Piotr Alechkovski est né en 1957 à Moscou. Dans les années 1980, il participe à la restauration de nombreux monastères dans le nord de la Russie, avant de mêler à son activité d’archéologue celle de journaliste, notamment pour Le Reporter russe. Passionné d’histoire et de littérature, il est l’auteur d’un roman historique, L’Arlequin (1995), sur Vassili Trediakovski, poète russe du XVIIIe siècle, et de plusieurs nouvelles. Après la publication en Russie de plusieurs romans à succès, comme Le poisson (Vremya, 2006), il reçoit le prix Booker en 2016 pour Forteresse (AST, 2015).
Publications en France : Le putois (traduit par Christophe Glogowski, Fayard, 1999) ; Le poisson (traduit par Ekaterina Cherezova, Macha Publishing, parution le 12 mars).
Iouri Bouïda
Né en 1954 dans la région de Kaliningrad, ex-enclave territoriale de la Russie située entre la Pologne et la Lituanie, Iouri Bouïda a été journaliste pour les quotidiens et hebdomadaires Rossiyskaya Gazeta, Nezavissimaïa Gazeta,Izvestia et Novoïé Vrémia. En 1991, il s’installe à Moscou. Parallèlement à son activité de correcteur aux éditions Kommersant, il publie ses premiers textes dans la revue Znamia et le magazine littéraire Novy Mir. Certains de ces romans, comme Le train zéro, sont d’abord parus en France avant d’être publiés en Russie. Ses livres ont été également traduits en Angleterre, Pologne, Estonie, Norvège, Hongrie, Slovaquie et Turquie.
Publications en France, traduites par Sophie Benech : Le train zéro (Gallimard, 1998) ; Yermo (Gallimard, 2002) ; La fiancée prussienne et autres nouvelles (Gallimard, 2005) ; Epître à Madame ma main gauche et autres histoires (Interférences, 2010) ; Potemkine ou Le troisième cœur (Gallimard, 2012) ; La mouette au sang bleu (Gallimard, 2015) ; Voleur, espion, assassin (Gallimard, parution le 8 mars).
Sergueï Chargounov
Né en 1980, Sergueï Chargounov est écrivain, journaliste et député à la Douma depuis 2016. Fils d’un prêtre orthodoxe, il s’engage très jeune en politique, proche du parti contestataire d’Edouard Limonov. A 27 ans, après un échec à la députation, il voyage du Caucase à l’Asie centrale et tire de cette expérience Livre sans photographies (Alpina, 2011). Lauréat de plusieurs prix littéraires, Sergueï Chargounov dirige aux côtés de Zakhar Prilepine le journal en ligne Svobodnaya Pressa (Presse libre). Egalement traduit en français, l’ouvrage 1993 évoque, à travers l’histoire d’une famille moscovite, les troubles que rencontre la Russie cette même année.
Publications en France : Livre sans photographies (traduit par Julia Chardavoine, La Différence, 2015) ; 1993 (traduit par Pierre-Jérôme Pass, Louison éditions, 2017).
Vladimir Charov
Né à Moscou en 1952, Vladimir Charov est docteur en histoire, essayiste et romancier. Ses premières nouvelles paraissent dans le magazine Novy Mir en 1979, et son premier roman dans le magazine Oural en 1991. Il est considéré comme l’un des maîtres du nouveau roman russe et donne régulièrement des conférences sur la littérature et la culture russes dans de grandes universités occidentales. En 2014, il reçoit les prestigieux prix Bolchaïa Kniga et Booker russe pour Retour en Egypte, roman-épopée épistolaire composé de plus de mille lettres de descendants imaginaires de Nikolaï Gogol. Assimilant religion orthodoxe et bolchevisme, ses romans assument un caractère provocateur et défendent une vision eschatologique de la révolution russe.
Publications en France : Les répétitions (traduit par Paul Lequesne, Actes Sud, 1998) ; Avant et pendant (traduit par Véronique Patte, Phébus, 2005) ; La vieille petite fille (traduit par Paul Lequesne, L’Esprit des péninsules, 2008), Soyez comme les enfants (traduit par Paul Lequesne, Louison éditions, 2016).
Dmitri Danilov
Ecrivain et journaliste né en 1969, Dmitri Danilov aborde avec humour et ironie les banalités et les curiosités de la vie quotidienne. De Moscou à New York, en passant par les villes de Mourmansk et d’Arkhangelsk, au nord de la Russie, il s’inspire de ses voyages pour nourrir ses romans comme Position horizontale (Eksmo, 2010), Description de la ville (Astrel, 2012) et Il y a des choses plus importantes que le football (Ripol Classique, 2015). Si certains de ses ouvrages ont été traduits en italien, néerlandais et anglais, il n’existe encore aucune traduction française de ses romans, nouvelles ou recueils de poèmes.
Maria Galina
Romancière, poète, critique littéraire et traductrice de Stephen King, Jack Vance et Clive Barker notamment, Maria Galina est née en 1958 à Tver, appelée à l’époque Kalinine. Elle grandit en Ukraine où elle étudie la biologie marine à l’université d’Odessa. En 1987, elle s’installe à Moscou, puis renonce à la biologie pour se consacrer à l’écriture en 1995. Son œuvre mêle fiction, fantasy et poésie à travers une dizaine d’ouvrages récompensés de plusieurs prix et traduits en anglais, italien et polonais. Un seul de ses romans, L’organisation (Eksmo, 2009), a été récemment traduit en français.
Publication en France : L’organisation (traduit par Raphaëlle Pache, Agullo, 2017).
Dmitry Glukhovsky
Né à Moscou en 1979, Dmitry Glukhovsky étudie les relations internationales et le journalisme à l’université hébraïque de Jérusalem. Il débute une carrière de journaliste pour Euronews en France, puis travaille en Russie pour la chaîne de télévision Russia Today, ce qui lui permet de beaucoup voyager, du Kazakhstan au pôle Nord. Il collabore également avec d’autres médias européens, comme la radio allemande Deutsche Welle et la chaîne britannique Sky News. Dmitry Glukhovsky se fait connaître comme écrivain à la suite du succès de son premier roman dystopique, Métro 2033, qu’il publie en accès gratuit sur Internet en 2002. Premier roman d’une trilogie, Métro 2033 retrace le combat de survivants moscovites réfugiés sous terre par suite d’une guerre nucléaire. Ce roman, qui a inspiré la création d’un jeu vidéo, a été traduit dans vingt langues après sa publication en Russie en 2005. En France, la série dystopique est publiée par L’Atalante, qui réédite le roman Sumerki (prix Utopiales 2014) et fait prochainement paraître le recueil de satires sur la Russie contemporaine intitulé Nouvelles de la mère patrie.
Publications en France, traduites par Denis E. Savine : Métro 2033 (L’Atalante, 2010) ; Métro 2034 (L’Atalante, 2011) ; Sumerki (L’Atalante, 2014 ; réédition le 14 mars au Livre de poche) ; Futu.Re (L’Atalante, 2015) ; Métro 2035 (L’Atalante, 2017) ; Nouvelles de la mère patrie (L’Atalante, parution le 22 février).
Vassili Golovanov
Né en 1960 à Moscou, Vassili Golovanov travaille comme journaliste pour des journaux, revues et magazines de la capitale. Son œuvre compte une biographie de l’anarchiste Nestor Makhno (Molodaïa Gvardia, 2008) ainsi que des récits oscillant entre le journal intime, le carnet de voyage et la fable, distingués par les revues Novy Mir et Droujba Narodov. On trouve en français Eloge des voyages insensés (Vagrius, 2002), carnet de son expédition sur l’île polaire de Kolgouïev chez les Nénètses dans le Grand Nord, qui compile réflexions personnelles, contes et entretiens. Son autre livre traduit en français, Espace et labyrinthes (NLO, 2008), regroupe six récits de voyage à la découverte de lieux et de personnages historiques.
Publications en France, traduites par Hélène Châtelain : Eloge des voyages insensés (Verdier, 2008) ; Espace et labyrinthes (Verdier, 2012).
Andreï Guelassimov
Né en 1965 à Irkoutsk, en Sibérie, Andreï Guelassimov fait des études littéraires avant de suivre des cours de mise en scène. Spécialiste d’Oscar Wilde, il enseigne la littérature anglo-américaine à Moscou, puis au département de littérature anglaise de l’université de Iakoutsk pour enfin se consacrer à l’écriture. La parution de son premier recueil de nouvelles, Fox Mulder a une tête de cochon (OGI, 2001), puis celle de son roman La soif (revue Oktiabr, 2002), sur un rescapé des guerres de Tchétchénie, le font connaître auprès des lecteurs russes au début des années 2000. En France, plusieurs de ses romans sont traduits dès 2004 par Actes Sud, année où l’écrivain figure parmi les douze auteurs russes invités par le Centre national du livre pour le festival des Belles Etrangères.
Publications en France : La soif (traduit par Joëlle Dublanchet, Actes Sud, 2004) ; Fox Mulder a une tête de cochon (traduit par Joëlle Dublanchet, Actes Sud, 2005) ; L’année du mensonge (traduit par Joëlle Dublanchet, Actes Sud, 2006) ; Rachel (traduit par Joëlle Dublanchet, Actes Sud, 2010) ; Les dieux de la steppe (traduit par Michèle Kahn, Actes Sud, 2016).
Gouzel Iakhina
Gouzel Iakhina est née en 1977 à Kazan, capitale de la République fédérale du Tatarstan. Après des études d’anglais et d’allemand à l’université de Kazan, elle se spécialise dans l’écriture de scénarios à Moscou. Son premier roman, Zouleikha ouvre les yeux (AST, 2015), retrace le sort d’une déportée pendant la dékoulakisation stalinienne au Tatarstan dans les années 1930. Best-seller en Russie, il sera traduit dans plus de vingt langues et, pour sa version française, nommé pour le prix Médicis étranger 2017.
Publication en France : Zouleikha ouvre les yeux (traduit par Maud Mabillard, Noir sur blanc, 2017).
Alexeï Ivanov
Né à Gorki en 1969, Alexeï Ivanov grandit à Perm, au pied des monts Oural. Diplômé de la faculté des arts de l’université d’Etat de l’Oural en 1996, il revient vivre à Perm où il exerce différents métiers : gardien, maître d’école, journaliste, professeur d’université ou encore guide touristique de la région. Son premier récit, La chasse à la Grande Ourse, paraît dès 1990 dans la revue Le Trappeur de l’Oural. C’est son roman Cœur de Parma (Palmira, 2003), inspiré d’événements et de personnages historiques sur la conquête de l’Oural par la Moscovie au XVe siècle, qui le consacre comme écrivain. Son œuvre témoigne de l’histoire de la région, qu’il a contribué à faire découvrir par la création d’un musée ethnographique des arts pour les enfants et la programmation d’un festival ethno-futuriste de 2006 à 2009 dans la région de Perm. Un seul de ses romans a pour l’instant été traduit en français, Le géographe a bu son globe (AST, 2014). Ce dernier a été porté à l’écran par Aleksandr Veledinskiy et primé au Festival du cinéma russe d’Honfleur en 2013.
Publication en France : Le géographe a bu son globe (traduit par Marc Weinstein, Fayard, 2008).
Vadim Levental
Né en 1981, Vadim Levental est originaire de Leningrad. Après des études de lettres et plusieurs voyages, il devient éditeur pour la maison d’édition Limbus Press et secrétaire du prix Natsionalny Bestseller. Son premier roman, Le destin deMasha Regina (Lenizdat/A-team, 2013), a été sélectionné pour le Booker russe et traduit en anglais. Finaliste du prix Bolchaïa Kniga, l’ouvrage est publié en mars par les éditions de l’Aube.
Publication en France : Le destin deMasha Regina (traduit par Christine Mestre, L’Aube, parution le 1er mars).
Zakhar Prilepine
Membre du Parti national-bolchevique depuis 1996, Zakhar Prilepine est l’un des opposants au régime de Vladimir Poutine les plus connus en Russie. La majeure partie de son œuvre est traduite en français. Auteur engagé, il écrit aussi bien des nouvelles (Des chaussures pleines de vodka chaude, AST, 2008), que des romans (L’archipel des Solovki, AST, 2014) ou des chroniques (Je viens de Russie, AST, 2008). Son dernier livre, intitulé Ceux du Donbass (AST, 2017), donne la parole aux témoins de la guerre qui a frappé l’est de l’Ukraine en 2014.
Publications en France : Pathologies (traduit par Joëlle Dublanchet, Syrtes, 2007) ; Le péché (traduit par Joëlle Dublanchet, Syrtes, 2009) ; San’kia (traduit par Joëlle Dublanchet, Actes Sud, 2009) ; Des chaussures pleines de vodka chaude (traduit par Joëlle Dublanchet, Actes Sud, 2011) ; Le singe noir (traduit par Joëlle Dublanchet, Actes Sud, 2012) ; Je viens de Russie (traduit par Marie-Hélène Corréard, La Différence, 2014) ; Une fille nommée Aglaé (traduit par Joëlle Dublanchet, Actes Sud, 2015) ; De gauche, jeune et méchant (traduit par Marie-Hélène Corréard et Monique Slodzian, La Différence, 2015) ; Journal d’Ukraine (traduit par Monique Slodzian, La Différence, 2017) ; L’archipel des Solovki (traduit par Joëlle Dublanchet, Actes Sud, 2017) ; Ceux du Donbass (traduit par Daria Sinichkina, Syrtes, parution le 15 février).
Victor Remizov
Victor Remizov est né en 1958 à Saratov et vit à Moscou. Après des études de géologie, il s’intéresse aux langues étrangères à l’université d’Etat de la capitale. D’abord géomètre spécialiste de la taïga, il devient journaliste puis enseignant de littérature russe. Son premier roman, Volia Volnaïa (AST, 2014), est nominé pour le Bolchaïa Kniga et le Booker russe à sa parution en 2014. Il est l’auteur de nouvelles et d’un deuxième roman, La tentation (Arsis-Books, 2016).
Publication en France : Volia Volnaïa (traduit par Luba Jurgenson, Belfond, 2017).
Roman Sentchine
Né en 1971, le romancier et critique littéraire Roman Sentchine a grandi dans la république de Touva. Considéré comme l’un des maîtres du nouveau réalisme de la littérature russe, il aborde dans ses romans les difficultés quotidiennes auxquelles sont confrontés les gens de peu. Après Les Eltychev (Eksmo, 2009), premier de ses romans traduit en français, La zone d’inondation (AST, 2015) s’inspire de la construction d’une centrale hydroélectrique dans la région de Krasnoïarsk, en Sibérie, forçant les familles à quitter leur village. Son dernier roman, Qu’est-ce que vous voulez ? (Eksmo, 2013), aborde les mouvements d’opposition de 2011-2012 à travers le regard d’une adolescente moscovite.
Publications en France, traduites par Maud Mabillard : Les Eltychev (Noir sur blanc, 2013) ; La zone d’inondation (Noir sur blanc, 2016) ; Qu’est-ce que vous voulez ? (Noir sur blanc, parution le 1er mars).
Olga Slavnikova
Née en 1957 à Sverdlovsk, appelée aujourd’hui Iekaterinbourg, Olga Slavnikova étudie le journalisme à l’université de l’Oural. Elle commence à écrire à partir des années 1980 et publie, en 1997, le roman Une libellule de la taille d’un chien pour lequel elle sera finaliste du prix Booker russe. Après avoir travaillé à la rédaction de la revue Oural, elle se consacre à la littérature et publie plusieurs romans primés ou sélectionnés pour des prix prestigieux. Tête légère est finaliste du prix Bolchaïa Kniga en 2011, et 2017 remporte le prix Booker russe en 2006. Elle vit depuis 2003 à Moscou.
Publications en France : L’immortel (traduit par Christine Zeytounian-Beloüs, Gallimard, 2004) ; 2017 (traduit par Christine Zeytounian-Beloüs, Gallimard, 2011) ; La tête légère (traduit par Raphaëlle Pache ; Mirobole, 2016).
Alexandre Sneguiriev
Né à Moscou en 1980, Alexandre Sneguiriev est diplômé en sciences politiques. Il travaille aujourd’hui comme architecte tout en se consacrant à l’écriture. Nouvelliste et romancier, il est lauréat du Booker russe pour Vera parmi les hommes (E, 2015) et de plusieurs prix pour son premier roman Je ris parce que je t’aime (AST, 2014).
Publications en France : Je ris parce que je t’aime (traduit par Nina Kéhayan, L’Aube, 2016) ; Vera parmi les hommes (traduit par Christine Mestre, L’Aube, parution le 1er mars).
Marina Stepnova
Marina Stepnova est née en 1971, dans la région de Toula, et a grandi à Moscou. Diplômée de la faculté de traduction de l’Institut de littérature Maxime-Gorki, elle a été rédactrice en chef du magazine XXL jusqu’en 2014. Cette nouvelliste, romancière, poète et traductrice a reçu le Bolchaïa Kniga 2012 pour son roman Les femmes de Lazare (AST, 2011), également nommé pour plusieurs autres prix, dont le Booker russe.
Publications en France, traduites par Bernard Kreise : Les femmes de Lazare (Les Escales, 2014) ; Leçons d’Italie (Les Escales, 2016).
Yana Vagner
Née en 1973 au sein d’une famille russo-tchèque, Yana Vagner a travaillé comme interprète, animatrice d’émissions radio et responsable logistique. Son premier roman, Vongozero (Eksmo, 2011), est finaliste du grand prix des Lectrices de Elle en 2015. La romancière publie la suite de ce récit de survie avec Le lac (AST, 2013), pour lequel elle est finaliste du prix des Nouvelles voix du polar Pocket en 2016 après sa parution chez Mirobole la même année.
Publications en France, traduites par Raphaëlle Pache : Vongozero (Mirobole, 2014) ; Le lac (Mirobole, 2016); L’hôtel (Mirobole, 2017).
Alexeï Varlamov
Né à Moscou en 1963, Alexeï Varlamov est un auteur de nouvelles, de romans et de biographies de grands écrivains, comme Mikhaïl Boulgakov (Molodaïa Gvardia, 2012). Lauréat de nombreux prix littéraires, il est chercheur en histoire de la littérature et enseigne à l’Institut littéraire de Moscou.
Publications en France : Alexandre ou La vie éclatée (traduit par Pierre Baccheretti, Motifs, 2016) ; L’esprit du loup (traduit par Paul Lequesne, Louison éditions, paru le 1er février).
Evgueni Vodolazkine
Evgueni Vodolazkine est né en 1964 à Kiev (Ukraine) et vit aujourd’hui à Saint-Pétersbourg. Après des études à la faculté des lettres russes de l’université de Kiev, il intègre l’Institut de littérature russe de Saint-Pétersbourg, également connu sous le nom de la Maison Pouchkine, où il approfondit ses connaissances sur la littérature russe ancienne. Chercheur à l’Académie des sciences de Russie, il est l’auteur du roman Les quatre vies d’Arséni (AST, 2012), lauréat du prix Bolchaïa Kniga en 2013.
Publication en France : Les quatre vies d’Arséni (traduit par Anne-Marie Tatsis-Botton, Fayard, 2015). Lé. L.
(1) A l’heure ou nous bouclons ce dossier, la liste définitive des 30 auteurs russes n’est pas connue. Nous avons retenu les 6 femmes et les 16 hommes déjà inscrits dans la délégation officielle, auxquels nous avons rajouté les écrivains invités par leurs éditeurs français.