Un écrivain est dédié à Jean Carrière, l’auteur de L’épervier de Maheux, Goncourt « maudit » en 1972, mort en 2005, persuadé que son prix lui avait porté la scoumoune. Voilà l’un des clins d’œil, l’une des clés multiples, peut-être, du premier roman que publie Laure Arcelin.

Son sujet?? L’histoire d’Alexandre Maigine, un homme discret, obscur, directeur de collection dans une petite maison d’édition, essayiste confidentiel d’une cinquantaine d’années, dont le Goncourt va totalement bouleverser l’existence, jusqu’à le rendre quasi fou. Il devient d’une jalousie maladive à l’égard de son propre personnage, Alexis, un écrivain mondain et frimeur, à qui ses lecteurs, et lectrices surtout, l’assimilent. Au point qu’il finit par lui ressembler.

Passionnée d’astrologie

Comme le livre, son premier publié alors qu’elle écrit depuis qu’elle
a l’âge de 8 ans, paraît à la rentrée littéraire, on ne peut s’empêcher de demander à Laure Arcelin (ce n’est pas son vrai nom, mais celui, francisé, de
sa mère, Arcelini, famille d’apothicaires venus de Florence dans les bagages de Catherine de Médicis et installés en Bourgogne, où ils possédèrent un château entouré de vignobles?: une partie du livre se déroule d’ailleurs
là-bas) ce qui se passerait pour elle si, justement, elle avait le Goncourt?? « Joker », répond-elle. « Bien que passionnée d’astrologie, je ne prévois pas l’avenir. Ce qui me sauverait du délire, c’est que je suis une femme, et que j’ai attendu quarante ans, pour publier, d’être prête et que ma peur s’en aille. » Ce dont elle est sûre, c’est que, dans l’hypothèse où son livre serait un best-seller, elle rachèterait sa maison de famille, aujourd’hui vendue, avec le vignoble, et s’y installerait pour écrire.

Elle y terminerait par exemple un roman, auquel elle travaille déjà, sur Alphonse de Lamartine et une certaine Nina Dezoteux de Cormatin. « Epouse de Pierreclos, le meilleur ami du grand poète, elle fut sa maîtresse officielle, et ils eurent un fils, Léon de Pierreclos, mort vers 1850, son seul enfant. Nina est une lointaine cousine, et le portrait de Lamartine, natif de Mâcon, était dans ma chambre, gamine. J’ai fait beaucoup de recherches sur cette histoire, très belle, très romantique. Et j’ai découvert qu’un écrivain amoureux fait des fautes d’orthographe?! »

Un écrivain, avec sa double mise en abîme, a, en quelque sorte, « décoincé » Laure Arcelin, qui, du coup, fourmille de projets littéraires. « C’était un sujet culotté, confie-t-elle, dont j’avais parlé avec Jean-Michel Delacomptée, à qui j’avais adressé un manuscrit lorsqu’il dirigeait une collection chez Gallimard. Je ne connais pas du tout le milieu littéraire. C’est lui qui m’a présenté sa fille Emmanuelle, éditrice chez Robert Laffont. »

« Macron est

romanesque »

Laure Arcelin a eu plusieurs vies, fréquenté différents milieux, dont celui de la politique, sur lequel elle demeure fort discrète. Stigmatisant cependant cette « République des vieux messieurs » à laquelle Emmanuel Macron a donné un coup de jeune, quoi qu’on pense de sa politique. « Macron est romanesque, conclut-elle, et la France est romanesque. » De là à lui consacrer un roman??

Laure Arcelin
Un écrivain
Robert Laffont
Tirage: NC
Prix: 18 euros
ISBN: 9782221217214

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