Face à la baisse de leurs budgets (- 35,9 % dans le réseau de lecture publique entre 2008 et 2012), les bibliothèques espagnoles ont entrepris d’évaluer financièrement la plus-value qu’elles génèrent par leur activité. L’étude, menée en 2013 par la Fesabid, fédération nationale des associations de bibliothécaires, documentalistes et archivistes, a croisé les statistiques nationales sur les bibliothèques avec différentes enquêtes auprès des usagers et des non-usagers (1). "Les utilisateurs, qui paient une petite cotisation annuelle, ne se rendent pas forcément compte de la valeur des services à leur disposition", relevait José Antonio Gómez Yañez lors de son intervention le 3 septembre à Strasbourg au congrès de l’ADBU, consacré cette année à la valeur des bibliothèques universitaires et de l’information scientifique et technique. "De même, poursuivait-il, l’apport des bibliothèques universitaires aux chercheurs n’apparaît pas dans le résultat final de leurs travaux." Deux méthodes d’évaluation ont été utilisées. La première est basée sur l’attribution d’une valeur monétaire, selon des procédés complexes, aux différents services fournis par les bibliothèques (prêt de documents, conseil aux lecteurs, accès à Internet, etc.). La seconde a consisté à demander aux utilisateurs combien ils auraient payé pour les mêmes services s’ils avaient été fournis par une société privée : ces services ont été estimés à 17,70 euros par mois en lecture publique et à 28,20 euros pour le secteur universitaire.
Au global, le "retour sur investissement" a été évalué entre 2,80 et 3,83 euros pour un euro investi. Les bibliothèques génèrent de l’activité dans leur zone d’influence, estimée à 1,29 milliard d’euros par an pour les commerces des alentours.
Véronique Heurtematte
(1) http://www.fesabid.org/documentos/economic_ social_value_information_service_libraries.pdf