Mario Vargas Llosa est devenu un « éphémère immortel », selon les mots de l’académicien Daniel Rondeau qui l’a accueilli jeudi 9 février sous la coupole du quai de Conti.
L’auteur péruviano-espagnol, âgé de 86 ans, a été intronisé au fauteuil 18 de l’Académie française dans une salle comble, devant l’ex-roi d’Espagne Juan Carlos et sa femme Sofia. 28 des 34 autres académiciens étaient présents pour écouter le discours de l’impétrant, 738ème académicien et premier d’entre eux à n’avoir jamais écrit directement en français. Autour de sa femme et de son fils Alvaro Vargas Llosa, les représentants de ses éditeurs en France : Gallimard et La Martinière, qui a publié à l'automne son Journal de guerre, réflexion de 120 pages sur la guerre en Irak de 2003.
« La critique en France a toujours escorté la création »
« Le roman sauvera la démocratie ou s'abîmera avec elle et disparaîtra », a déclaré le romancier dans son discours d’une heure, un éloge de la littérature française citant Gustave Flaubert, Victor Hugo, Émile Zola ou encore Jean-Paul Sartre.
« J’ai milité un an au parti communiste péruvien et je crois que les existentialistes français m’ont sauvé du stalinisme qui dominait les partis communistes latino-américains », a assuré l’ancien candidat à l’élection présidentielle de 1990 au Pérou, en réponse aux critiques le qualifiant de conservateur dont il est la cible en France et ailleurs.
« Il restera toujours – comment en douter ? – cette caricature que les pays totalitaires nous vendent comme romans, mais qui n'existent qu'après avoir traversé la censure qui les mutile, afin d'étayer les institutions fantasmagoriques de semblables singeries de démocratie dont nous donne l'exemple la Russie de Vladimir Poutine », a-t-il avancé.
« La littérature peut-elle sauver le monde, protéger cette petite planète que la bêtise humaine a truffé de bombes atomiques et à hydrogène ? (…) C’est fort possible. (...) La critique en France a toujours escorté la création », a-t-il assuré en prenant appui sur le poème d’Arthur Rimbaud, le Bateau ivre. « Telle est la juste voie : réciter la bonne poésie sous les acclamations, la rapprocher des foules dont elle s’est éloignée », a-t-il déclamé.
Dans sa réponse, elle aussi d’une riche heure, Daniel Rondeau s’est dit ravi d’accueillir sous la coupole le sud-américain, « qui n’a cessé d’œuvrer à l’immortalité de la langue française en louangeant notre littérature sur tous ses champs de bataille ».
L’auteur de La Fête au bouc devient le premier homme membre de trois académies linguistiques, ayant été élu à l'Académie péruvienne de la langue en 1977, et à l'Académie royale espagnole en 1994.