Est-ce nous qui trouvons les livres ou bien est-ce que ce sont les livres qui nous trouvent ? En 2004, une époque pas si lointaine où Internet n’avait pas encore radicalement transformé la circulation des manuscrits, je me rends à Francfort avec un but bien précis : mettre la main sur le recueil de nouvelles d’un jeune Canadien, dont j’avais lu un texte formidable dans une revue. J’avais soigneusement noté son nom dans mon carnet et comptais bien trouver par quelle maison il allait être publié. Je retrouve David Davidar, le patron de Penguin Canada avec qui nous partagions déjà quelques auteurs dont Joseph Boyden. A peine assis, David sort de sa sacoche un manuscrit, me le tend : "Je l’ai apporté de Toronto exprès pour toi." A ma plus grande stupéfaction, il s’agissait du livre dont j’avais décidé de me mettre en quête. Le recueil de nouvelles de Craig Davidson, Rust and bone. Je commence à le lire le soir même et le termine dans l’avion du retour. Je me souviens précisément de ce que j’ai ressenti en découvrant ces nouvelles : j’étais épaté, ébloui, sonné par l’univers de ce jeune écrivain alors âgé d’une vingtaine d’années. Nous en avons acquis les droits au cours des jours qui ont suivi. Le livre est paru en 2006 sous le titre Un goût de rouille et d’os. Un an plus tard, Craig Davidson est invité à "Etonnants voyageurs". A notre retour de Saint-Malo, Tonino Benacquista m’appelle et on arrange un rendez-vous entre Craig Davidson et Jacques Audiard le lendemain après-midi dans une brasserie de Montparnasse. Cinq ans plus tard, sortait sur les écrans De rouille et d’os avec Marion Cotillard et Matthias Schoenaerts. A.-L. W.