Dans un article daté du 4 août, Médiapart révèle une nouvelle histoire de plagiat. Plusieurs auteurs accusent François Buot, biographe (Hervé Guibert, le jeune homme et la mort, Grasset) et historien, de s'être inspiré de leurs ouvrages sur l'histoire gay et lesbienne pour son livre Gay Paris, une histoire du Paris interlope entre 1900 et 1940, paru en mars 2013 chez Fayard.

Michel Carassou, Christian Gury et Nicole Canet, spécialistes de la culture gay et lesbienne de l'entre-deux-guerres, découvrent le livre à travers un article dans le mensuel Têtu sur Gay Paris. La similitude la plus frappante est évidemment la couverture de l'essai, qui reprend la même photo, avec un plan élargi et une coloration artificielle, que celle de Paris Gay 1925 de Michel Carassou et Gilles Barbedette (paru en 1981 et réédité par Non lieu en 2008). Dans son ouvrage, Buot cite plusieurs fois Michel Carassou, mais, selon Mediapart, il oublie aussi de le faire à plusieurs endroits dans le livre, « plus ou moins habilement ». Cela concerne notamment des entretiens et citations avec différentes personnalités, parmi lesquelles André Gide.

Buot écrit un livre sur Crevel, deux ans après Carassou

François Buot se défend en expliquant qu'il a réalisé lui même ses interviews, « il y a très longtemps » mais qu'elle n'ont pas été enregistrées. Et il ajoute : « J'ai le droit d'utiliser des recherches qui ont été faites, de citer les mêmes auteurs, de faire les mêmes entretiens... Où commence l'emprunt. Où s'arrête-t-il ? C'est une question de fond. Il n'y a pas de code de déontologie là-dedans ».

Selon Médiapart, Carassou estime que le livre de Buot « reprend la matière (thèmes, lieux, personnalités) » de son livre, mais aussi « le contenu des entretiens menés avec des témoins alors encore vivants, le travail de recherche et de documentation (nombreuses citations avec des coupes identiques), et des fragments (...) simplement recopiés ou maladroitement réécrits ». Pour Buot, il ne s'agit que de rancoeur de la part d'un homme qui travaille sur des sujets identiques aux siens. Les deux hommes ont ainsi publié un livre sur René Crevel : Buot en 1991 (Crevel, Grasset), deux ans après Carassou (René Crevel, Fayard).

22 pages sur 285 comportent des recopies mot à mot

Cependant, le spécialiste de Marcel Proust, Christian Gury estime également qu'un chapitre entier de son Excentriques et années folles, publié en 2010 (Non Lieu) et préfacé par Michel Carassou, a été « pompé ». Les mêmes auteurs sont cités, coupées au même endroit. Pourtant le livre de Gury n'est évoqué que dans une note de bas de page. La galeriste Nicole Canet se plaint de son côté que Buot, qui cite aussi certains de ses ouvrages, a plagié « allègrement » son dernier livre coécrit avec Etienne Cance, Hôtels garnis, Garçons de joie, Prostitution masculine - Lieux et fantasmes à Paris de 1860 à 1960 (éditions Nicole Canet, 2012) : « Vingt-deux pages sur 285 du livre Gay Paris comportent des recopies mot à mot des textes d'Hôtels garnis » selon elle.

Médiapart rapporte que l'avocat de Michel Carassou a entamé une procédure de conciliation avec Fayard.