Environ 200 personnalités du monde du livre étaient réunies à cette occasion parmi lesquelles, Vincent Montagne, président du SNE, Vincent Monadé, président du CNL, Jean-Guy Boin, directeur général du BIEF, Paul de Sinety, commissaire de l'événement (Institut français). Après avoir salué les nombreux partenaires, elle a tenu à remercier Elisabeth Beyer, à l'origine de cette invitation, directrice du Bureau du livre à l'Ambassade de Berlin, et qui fut chargée des droits étrangers chez Actes sud.
Dans l'assistance, on pouvait également remarquer l'agent littéraire Pierre Astier, les éditeurs Héloise d'Ormesson, Marion Mazauric (Au diable Vauvert), Louis Delas (directeur général de L'école des loisirs), Véronique Cardi (directrice générale du Livre de Poche), Gilles Haéri (président de Flammarion), Véra Michalski (présidente du groupe Libella), Laure Leroy (Zulma) et une quarantaine d'auteurs tels Kamel Daoud, Emmanuel Carrère, Laurent Gaudé, Nancy Huston, Philippe Djian, Zeina Abirached, Christophe Boltanski, Catherine Millet, Olivia Rosenthal, David Vandermeulen, Hédi Kaddour, Frédéric Boyer ou encore Shumona Sinha.
La romancière et journaliste turque Alsi Erdogan, éditée en France par Actes Sud, est arrivée plus tard dans la soirée au bras de la ministre.
Saluant la "grande famille du livre" qui se tenait devant elle, la ministre de la Culture a tenu à replacer le rendez-vous de Francfort dans le contexte politique actuel. "Depuis toujours, cet événement international est imprégné par le monde, en prise directe avec l'actualité" a t-elle rappelé, qualifiant de "charnière " cette année 2017 où, notamment sous l'impulsion de l'élection de Donald Trump et du Brexit, "une partie du monde a tourné sur ses gonds".
Des bouleversements qui, selon elle, confèrent à la Foire de Francfort comme aux acteurs du livre, une responsabilité collective. Celle de porter haut le désir d'une "Europe forte". " La culture est constitutive de l'Europe et pas seulement un supplément d'âme" a t-elle insisté avant d'expliquer que "c'est au niveau européen que se jouent les grands dossiers du monde du livre comme les droits d'auteurs, les principes de régulation économiques mais aussi la question du piratage". A cette occasion, elle a d'ailleurs annoncé qu'une rencontre des ministres européens de la Culture aurait lieu en marge de la Foire de Francfort et qu'elle y défendrait la chaîne du livre, tout en essayant de trouver les moyens pour créer un "pass culture" au niveau continental.
Ode à la francophonie
La ministre de la culture a aussi tenu à souligner que "ce n'était pas seulement la France qui était à l'honneur à Francfort mais la francophonie dans son ensemble", précisant que la Belgique, la Suisse ou encore le Luxembourg étaient partie prenante de l'invitation. Après avoir rappelé que le français est la seconde langue la plus traduite dans le monde après l'anglais, Françoise Nyssen a appelé de ses voeux un renforcement des programmes de traduction et une accéleration des traductions vers le français. Elle a aussi évoqué les chantiers en cours pour améliorer l'accessibilité de la langue française qui se joue "dès l'école". Elle a ainsi évoqué le pass culture et la politique en faveur de la lecture qui passe, notamment, par une ouverture plus large, en terme d'horaires comme d'accueil, des bilbiothèques. Cette mission a été confiée à l'écrivain Erik Orsenna et sera débattue ce jeudi 21 septembre à la BPI.
Pour illustrer l'importance des "excellents rapports franco-allemands", Françoise Nyssen s'est appuyée sur l'itinéraire de la romancière et journaliste turque Asli Erdogan, invitée d'honneur de la ministre qui, après ce saut en France, repartira dès vendredi pour aller recevoir le prix de la paix Erich Maria Remarque en Allemagne. Il s'agit du premier déplacement à l'étranger qu'effectue l'auteure depuis sa remise en liberté sous contrôle judiciaire en décembre 2016, après 4 mois d'emprisonnement. Jusqu'au 7 septembre dernier, celle que le gouvernement turc accuse de "propagande terroriste" pour ses écrits dans le journal prokurde Ozgür Gündem, n'avait toujours pas récupéré son passeport. Malgré sa liberté de circulation, Asli Erdogan risque toujours la prison à vie. La prochaine audience de son procès, aux allures kafkaiennes, se tiendra le 31 octobre à Istanbul.
Lors du point presse accordée à quelques journalistes français et allemands après son discours, Françoise Nyssen a évoqué son engagement pour la liberté d'expression. "A chaque fois qu'on peut défendre les libertés de publier, de s'exprimer ou d'éditer, on le fait", a-t'elle expliqué, citant par exemple son soutien au metteur en scène russe Kirill Serebrennikov ou encore au journaliste Lou Bureau, libéré des geoles turques et qu'elle est allée accueillir en personne à son arrivée sur le sol français le 17 septembre.