Genève : les francophones parlent aux francophones

Alain Kouck, P-DG d’Editis, à la tribune des Assises. - Photo Pierre Albouy/Patrick Roy/Salon du livre de Genève

Genève : les francophones parlent aux francophones

Le Salon du livre de Genève s’est appuyé sur le cosmopolitisme de la ville pour accueillir les premières Assises de l’édition francophone.

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Par Clarisse Normand
avec Créé le 08.05.2015 à 02h33 ,
Mis à jour le 08.05.2015 à 19h00

Le Salon du livre de Genève a organisé les 29 et 30 avril ses premières Assises de l’édition francophone. Elles ont réuni une centaine de participants et d’intervenants parmi lesquels plusieurs personnalités de l’édition française, dont Alain Kouck (président d’Editis) et Vincent Montagne (P-DG de Média-Participations et président du Syndicat national de l’édition), mais aussi le ministre de la Culture du Maroc, Mohamed Amine Sbihi, ainsi que des auteurs et représentants français et francophones de la chaîne du livre.

Enjeu

Pour ses initiateurs, les Assises se justifient par l’enjeu que représente la langue française pour 274 millions de francophones dans le monde. Si l’on en croit les statistiques du World Population Prospects et de l’Observatoire démographique et statistique de l’espace francophone (ODSEF), ce chiffre devrait même tripler d’ici à 2060 sous l’effet du développement démographique en Afrique. Fort du caractère à la fois francophone et cosmopolite de Genève, également neutre vis-à-vis de l’Europe, de l’Amérique du Nord et surtout de l’Afrique, le salon du livre s’est jugé d’autant plus légitime à organiser ces assises qu’il accueille depuis 2003 un Salon du livre africain, et depuis 2014 un Pavillon des cultures arabes, qu’il a développé un espace dédié à la littérature romande et qu’il reçoit chaque année des représentants de l’édition québécoise et de l’édition wallonne.

Au programme des rencontres figuraient la place du français dans le monde et surtout les problématiques de la diffusion des écritures en langue française. Se sont ainsi succédé un face-à-face entre un diffuseur français et une éditrice suisse, un autre entre un critique littéraire parisien et une éditrice belge, différentes tables rondes ainsi que quelques interventions individuelles. Il s’agissait d’identifier les blocages (problèmes de prix de vente, d’équipement en librairie, de reconnaissance…) et d’amorcer des pistes de réflexion. Des expériences ont été présentées, comme celle de l’association Afrilivres, qui entend améliorer la diffusion de ses éditeurs membres dans les pays du Nord, mais aussi l’impact des blogs littéraires pour rendre visibles les ouvrages auprès des différents publics et le développement numérique pour les rendre accessibles.

Les pirates sont de grands lecteurs

L’expérience rapportée par Jean Pettigrew (éditions Alire, au Québec) a particulièrement retenu l’attention. Face aux problèmes de piratage associés au numérique, cet éditeur a décidé d’aller discuter avec les pirates. "On oublie trop que ce sont souvent de grands lecteurs. En échangeant avec eux, il est apparu que l’on pouvait trouver un modus vivendi avec une politique tarifaire acceptable pour tous. Avec un prix inférieur de 40 % à celui de nos livres papier, on s’est aperçu que l’on freinait sensiblement les téléchargements illégaux."

Présidente du salon, Isabelle Falconnier a salué l’absence de complexes avec laquelle les problématiques ont été abordées. Un constat encourageant pour envisager une suite à cette première édition.

08.05 2015

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