14 octobre > roman Etats-Unis

Richard Yates- Photo JERRY BAUER/OPALE/R. LAFFONT

Après la réédition de La fenêtre panoramique (« Pavillons poche », 2005), les éditions Robert Laffont ont entrepris de faire traduire toute l’œuvre de Richard Yates (1926-1999), jusqu’ici injustement méconnu en France. Il y eu d’abord Easter parade (2010, repris en «Pavillons poche»), Un été à Cold Spring (2011, repris en « Pavillons poche ») et les nouvelles de Menteurs amoureux (2012). Voici cette fois que paraît Un destin d’exception, roman ouvertement autobiographique, qui date de 1965.

Robert J. Prentice, jeune fusilier de 18 ans, est soldat de première classe. A l’automne 1944, avant de partir au combat en Europe, il profite d’un sauf-conduit et se rend à New York où il emmène sa mère, Alice, boire des manhattans et manger des croquettes de poulet au Childs de Colombus Circle. Ancienne élève de la faculté des Beaux-Arts de Cincinnati, maman a été illustratrice, sculptrice et a épousé brièvement un provincial fade dont la seule ambition était d’être promu au poste d’assistant du directeur commercial de division au sein d’Outils et Matrices amalgamés.

Le père de Bobby devait ensuite rentrer imbibé de gin et la chemise tachée de rouge à lèvres, obligeant ainsi son fils à devenir l’allié et le protecteur d’Alice « face au matérialisme grossier et brutal du monde ». Avec l’acuité psychologique qu’on lui connaît, Richard Yates montre un Bobby piètre soldat, petit bleu marchant pourtant toujours en cadence. Il se lie d’amitié avec John Quint et Sam Rand. Il fraye dans un bar de Baltimore avec Arlène, gamine mince et trop parfumée qui s’offre à lui. Il passe six semaines dans l’infanterie, six autres dans l’aéroportée, intègre le 189e régiment, rejoint la Belgique, puis est nommé messager de sa section.

Pendant que son fils est à l’armée, Alice, elle, force sur le whisky et essaye de se persuader qu’elle a réussi sa vie…. Terriblement juste dans son regard, Un destin d’exception est une nouvelle preuve du talent de l’auteur de Onze histoires de solitude («Pavillons poche») pour peindre les êtres, leurs rêves et leurs désillusions. Al. F.

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