En 2004, lorsque Héloïse d’Ormesson a annoncé à sa mère qu’elle lançait une maison d’édition avec son compagnon, Gilles Cohen-Solal, cette dernière l’a mise en garde : "Travailler ensemble c’est de la folie, vous allez vous déchirer !" Treize ans plus tard, le couple tout comme la maison se portent fort bien, l’un ayant renforcé l’autre "et vice versa".
La recette ? "Nous sommes complètement complémentaires", déclarent-ils de concert, jugeant que "séparément l’aventure aurait été impossible". Il dit d’elle qu’elle est une excellente, "voire la meilleure", éditrice de littérature étrangère. De lui, elle dresse le portrait d’un "consultant de génie", louant son audace et son bagou, elle qui a "toujours eu tendance à s’effacer". "Moi je freine, lui il accélère : ensemble on a le bon rythme", résume Héloïse d’Ormesson alors que Gilles Cohen-Solal, adepte des formulations piquantes, parle de la complémentarité entre sa "mégalomanie" et le "talent d’Héloïse".
Un équilibre qui s’est construit au fil des années. "Fille de", Héloïse d’Ormesson s’est sentie "attendue au tournant, dans les premiers temps" à cause de son nom, "des avantages qu’il représente", même si elle a été "touchée par la bienveillance du monde du livre" lorsqu’ils ont lancé la maison. "Et c’est moi qui ai insisté pour qu’elle porte son nom, il n’y a pas à en avoir honte", explique l’éditeur, qui s’occupe de la partie essais mais porte aussi la casquette de directeur commercial.
"Dans cette structure à son nom et dont je ne suis pas investisseur, il me semble normal qu’Héloïse, directrice littéraire et P-DG, ait toujours le dernier mot sur les projets éditoriaux", précise-t-il. Pour le couple, l’édition est un mode de vie plus qu’un travail, auquel ils ont conscience d’avoir quelque peu sacrifié leur "sphère intime" : "Finalement, l’enfant que nous avons eu ensemble, c’est la maison."