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Italie : arrière toute et déception

Le Parlement italien. - Photo DR

Italie : arrière toute et déception

Le dispositif d’aide à la chaîne du livre imaginé par le gouvernement italien en décembre 2013 ne tient pas ses promesses. La déduction fiscale pour l’achat de livres, qui devait être accordée à chaque contribuable, s’effondre de 380 euros à… 1,72 euro.

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Par Fabio Gambaro
Créé le 03.04.2014 à 20h55 ,
Mis à jour le 04.04.2014 à 10h25

En Italie, les belles surprises peuvent parfois finir en farce. Pour l’Associazione italiana editori (AIE, l’association des éditeurs italiens), c’est le cas du "bonus libri", un projet original et ambitieux de détaxation des livres annoncé par le gouvernement d’Enrico Letta en décembre dernier et réduit à presque rien deux mois plus tard. Pour soutenir le marché du livre en pleine dégringolade (presque - 14 % en deux ans), le gouvernement avait en effet imaginé un vaste dispositif d’aide à travers une défiscalisation pour les consommateurs d’une partie de leurs dépenses en librairie. Selon ce projet, pendant trois ans, tout contribuable aurait pu déduire de ses impôts 19 % de ses achats de livres, avec un plafond de 2 000 euros, dont 1 000 pour les livres scolaires.

Tous les professionnels du livre ont salué chaleureusement cette idée généreuse. Elle faisait cependant fi des caisses vides de l’Etat italien. Alors que pour financer ce projet et en faire profiter les 29 millions de contribuables, il aurait fallu théoriquement plusieurs milliards, le budget disponible n’était que de 50 millions d’euros. Un montant qui réduisait la déduction possible pour chaque contribuable de 380 euros à… 1,72 euro. Du coup, le gouvernement a fait marche arrière et changé tout le dispositif, en réservant l’avantage uniquement aux 2,7 millions de lycéens italiens. Au demeurant, même ainsi, il ne restera, sur trois ans, que 19 euros pour chacun, sous forme de bons échangeables en librairie (sauf pour les livres scolaires). A charge pour les libraires de transformer les bons encaissés en crédit d’impôt. Approuvée définitivement par le Parlement en février, la loi attend maintenant son décret d’application, et plus encore le feu vert de la Commission européenne car, autre particularité, elle devrait être financée… avec les fonds structurels de Bruxelles.

La montagne a donc accouché d’une souris, et le monde du livre se montre profondément déçu. Pour Marco Polillo, le président de l’AIE, "le gouvernement n’a pas su honorer sa promesse, en travaillant avec beaucoup de légèreté". On verra si le nouveau président du Conseil des ministres Matteo Renzi saura trouver une solution pour apaiser la déception et aider avec plus de détermination une filière en grande difficulté.

Fabio Gambaro

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