Michèle Forbes mène une double vie. Présente sur les planches, le petit ou le grand écran, cette actrice a fait des études de lettres qui l’ont conduite à être critique au Irish Times. Elle qui voit le jour à Belfast publie un premier roman sentimental, très féminin et désarmant. L’existence de son héroïne, Katherine, ressemble à un tableau parfait. Un mari aimant et quatre enfants complètent la photo de cette femme comblée. Mais ses failles cachées apparaissent, à son insu, lors d’une baignade, qui vire presque à la noyade. George la sauve in extremis, mais ce n’est pas ce "brave homme prévenant" qui l’habite. "Elle pense à tout ce qui se cache sous la surface de l’eau. Ces abîmes insondables…"
Ceux-ci sont indéniablement liés à Tom, un tailleur rencontré en 1949, alors que cette employée de banque répète le rôle de Carmen pour une compagnie non professionnelle. Cela lui donne des ailes. Entre eux, la passion s’impose. "Il sait faire jaillir le merveilleux de l’ordinaire." Katherine est révélée à elle-même, mais ce zèle est obscurci par ses fiançailles avec George. "Ce mensonge avait le don de la tourmenter. Elle avait atrocement honte. Comment pourrait-elle jamais se le pardonner ?"
George, celui-là même qui partagera sa vie vingt ans plus tard. Alors que la ville de Belfast s’embrase, lors des émeutes de 1969, ce pompier volontaire est confronté à une épouse consumée par son passé. "Qu’est-ce que tu veux de moi ? En quoi je te déçois ?" Petit à petit, on découvre les aléas de cette histoire, qui se heurte à l’opposition entre amour et raison. Une tension permanente hante les héros. Englués dans leurs émotions et leurs non-dits, ils apprennent à saisir les facettes insoupçonnées d’une relation amoureuse. "Cette acceptation de ce qu’ils ont été ensemble et de ce qu’ils sont."K. E.