« Attention lecture dangereuse », prévient le bandeau qui entoure Ce qui n’est pas écrit. L’intrigant roman noir que propose Métailié est signé Rafael Reig, auteur dont on apprend qu’il a enseigné la littérature aux Etats-Unis et s’est récemment installé comme libraire. Celui-ci raconte l’histoire de Carmen Maldonado et de Carlos Mendoza.
La première est sous-directrice commerciale d’un groupe d’édition, le second un poète pauvre et autodidacte qui disait boire pour apprendre et lire pour oublier. Sept ans plus tôt, Carmen et Carlos se sont séparés. Ce que leur fils Jorge a mal pris, tentant alors de se suicider. Le garçon a maintenant 14 ans. Carlos, que son ex-épouse reconnaît être un bon père, doit l’emmener camper une nuit dans la nature avant de gagner un refuge dans la montagne.
Jorge s’est équipé d’une ceinture de randonnée, d’une lampe torche, d’une gourde, d’un couteau suisse, d’une boussole et d’une corde de cinq mètres enroulée. Lorsqu’il vient le chercher chez Carmen, Carlos laisse derrière lui le manuscrit du polar qu’il vient de terminer, Sur la femme morte. Où l’on peut suivre les aventures d’Antonio Riquelme, voleur de portefeuilles et de sacs à main, qui ressent le besoin de faire « quelque chose de grandiose, capable de provoquer l’admiration ou l’effroi ».
Carmen plonge peu à peu dans le texte, frissonne devant l’enlèvement d’un personnage féminin qui lui ressemble beaucoup. Tandis que Carlos, qui force de plus en plus sur le whisky, se débrouille comme il peut avec un Jorge difficile dont il voudrait qu’il se comporte comme un homme et ne soit pas tout le temps dans les jupes de sa mère…
Rafael Reig orchestre la tension à mesure qu’il entrecroise habilement ses deux intrigues. Labyrinthe étonnant, Ce qui n’est pas écrit s’interroge en creux sur le couple, la paternité et la création littéraire. Une vraie réussite qui déjoue les codes du genre.
Al. F.