Dans la très bourgeoise famille romaine Cuni, il y a le père, Francesco, dont on ignore tout. La mère, qui tient une galerie d'art et roule en BMW, tente de compenser ce manque en écrasant de son amour leur fils Lorenzo, 14 ans en 2000, l'année où se situe l'essentiel du roman.
Depuis que son père et un marin l'ont balancé à la mer sous prétexte de lui apprendre à nager "naturellement", le garçon n'a plus confiance dans les autres. A l'école, au début, il se montrait violent. On lui a prescrit de voir un psy. Depuis, pour avoir la paix, il fait semblant de s'être sociabilisé, même s'il n'a pas changé, n'a guère d'amis et pas de petite amie. Un beau jour, pour échapper à sa mère, il s'invente une invitation au ski dans la famille de la belle Alessia. Mais à la place, il s'aménage un campement dans la cave de l'appartement familial. Là, il s'apprête à passer une semaine tout seul dans son monde, avec sa musique, ses DVD, ses jeux vidéo, et une nourriture délicieusement régressive.
Mais alors qu'il commence à peine à savourer sa tranquillité, débarque Olivia, sa demi-soeur, fille d'un premier mariage de son père. La jeune fille, 21 ans, marginale, révoltée et camée, est aux abois. Elle squatte de force la cave de Lorenzo, sinon elle cafte aux parents. Au début, leurs rapports sont tendus, puis le garçon se rend compte de l'état navrant de sa soeur, la soigne et l'aide à s'en sortir.
Avec Moi et toi, Niccolò Ammaniti continue d'explorer ce monde de l'adolescence qui le fascine, "parce que c'est un des moments fondateurs de la vie", dit-il. Le corps du récit est un huis clos nerveux, le lecteur étant prévenu dès le début du destin tragique d'Olivia. Lorenzo, lui, est un gamin intelligent, qui découvre les avantages du mimétisme. "Quand on me dit qu'un adolescent va bien, n'a aucun problème, je me méfie", poursuit Ammaniti.
Paru en Italie chez Einaudi en 2009, le roman a connu un beau succès. Son adaptation au cinéma par Bertolucci, présentée en avant-première à Cannes, doit sortir à la rentrée.