Vendredi dernier, lors du forum Libération du Festival d'Avignon, Martine Aubry s'est exprimée sur le budget accordé à la Culture. L'écrivain et cinéaste Christophe Honoré, qui lui faisait face, a souligné que la culture était la grande absente du programme socialiste : "J'ai lu les trente engagements du PS. Je n'ai pas du tout vu le mot art".
Le maire de Lille a donc joué la séduction et promis une augmentation du budget de la Culture de 30 à 50 % (soit 200 à 250 millions d'euros par an pendant 5 ans). Pour cela, elle souhaite supprimer la défiscalisation des heures supplémentaires (loi TEPA), ce qui permettrait de gagner 4,5 milliards d'euros. Cette défiscalisation devrait également servir à financer les futurs 300 000 « emplois d'avenir » pour les jeunes proposés par le PS. Elle précise : « On est à 2,7 milliards aujourd'hui. Il faut regarder la totalité, c'est 10,7 milliards, la culture c'est 7 milliards venant des collectivités locales, 2,7 de l'Etat. C'est à l'évidence totalement insuffisant et si on veut avoir une véritable politique d'Etat, il faut une augmentation de 30 à 50 % du budget de la culture ».
Suite à ce discours, François Hollande a qualifié les propos de Martine Aubry de « surenchère ». Il déclare: « Il faut dire la vérité sur l'état de nos comptes et en même temps dire que la culture sera une de nos priorités mais une priorité qui n'appartient pas au seul ministère de la Culture. » « Je ne tomberai pas dans une espèce d'échelle du perroquet où on va proposer plus » ajoute-t-il. Selon lui, « le ministère de l'Education, celui des Affaires étrangères [sont] aussi des domaines sur lesquels il faudra réviser nos politiques publiques. » « La culture ce n'est pas simplement un budget » rappelle-t-il.
La première secrétaire du PS a relativisé ses propres déclarations, après avoir entendu la réponse de son concurrent aux primaires : « Il a raison. Il faut juste faire ce qu'il faut, c'est-à-dire donner les moyens d'exister à la création artistique, c'est exactement ce que je propose. »
Quelle sera votre priorité en matière de politique culturelle ?
Le 16 juillet, Le Monde a posé aux candidats socialistes la question suivante : « Si vous êtes élu(e) en 2012, quelle sera votre priorité en matière de politique culturelle ? » :
Martine Aubry veut « donner aux jeunes artistes la confiance, les moyens de créer et d'agir, partout en France [...] et soutenir les créateurs. » Elle « souhaite que les grandes institutions culturelles ouvrent une partie de leur programmation aux jeunes artistes [et que ] chaque enfant de France se rende deux fois par an à un spectacle de danse ou de théâtre, au concert et au musée. »
François Hollande, lui, souhaite « renforcer l'éducation artistique , [...] développer l'apprentissage des pratiques culturelles, [...] les diffuser, et ce notamment dans les établissements les plus en difficulté. [...] Dès la première année, un effort budgétaire devra être fait en ce sens.»??
Manuel Valls affirme que « L'Etat [...] doit assumer en priorité l'entretien et la rénovation du patrimoine. Mais il devra abandonner désormais les investissements lourds dans cette période de lutte contre les déficits publics et transférer progressivement ses moyens d'action aux collectivités territoriales et à des structures indépendantes spécialisées dans l'accompagnement des filières artistiques et culturelles. »
Arnaud Montebourg « propose de créer [...] des lieux coopératifs d'artistes, fondés sur des équipes permanentes. [...] Il s'agit de renouer avec le rôle social de la culture, en affirmant que la création et l'animation sont les deux jambes d'un même corps. [...] Une telle mesure ne s'appuiera pas sur une augmentation du budget de la culture, trop aléatoire dans les tempêtes financières qui se préparent, mais sur des centimes prélevés sur les bénéfices publicitaires des télévisions privées, les profits des fournisseurs d'accès à Internet, et les produits industriels diffuseurs de culture comme les produits Apple. »??
Enfin, la première mesure de Ségolène Royal « sera de doter chaque lycée d'un médiateur culturel. [...] Cela offre un débouché à des jeunes de haut niveau qui [...] sont souvent au chômage. Ensuite, cela permet à chaque élève de participer à des sorties culturelles et d'accéder à une pratique artistique [...] dans la mesure où sont aménagés dans les lycées des espaces où l'on peut faire du théâtre, de la radio, de la sculpture, etc. »