La culture française dans le monde doit redessiner sa carte

L'Institut Français de Dakar (Sénégal)

La culture française dans le monde doit redessiner sa carte

Trop nombreuses en Europe, pas assez développées dans les pays émergeants, les implantations culturelles dans le monde doivent se réorganiser géographiquement pour affronter les décennies à venir.

Par Vincy Thomas
avec vt, avec afp Créé le 15.04.2015 à 21h00

La France devra à l'avenir se pencher sur la carte de ses implantations culturelles dans le monde, a estimé mercredi, lors d'une conférence de presse au Quai d'Orsay, le Ministre des Affaires Etrangères Bernard Kouchner. Il a ainsi évoqué l'Europe où elles sont surabondantes et les pays émergents où elles devront être développées.

"Il y a des endroits qui sont excessivement bien fournis", a relevé le ministre tout en défendant une nouvelle fois la création d'un établissement public à caractère industriel et commercial (Epic) baptisé "Institut français" et chargé de mieux coordonner l'action culturelle de la France à l'étranger.

Il a notamment cité "l'Espagne, l'Italie ou la Grande-Bretagne". Il n'a pas précisé à quelle échéance cette carte des implantations françaises serait redéfinie. De retour d'une tournée en Asie centrale, le ministre s'est déclaré frappé par la demande dans ces régions de culture française.

"Entre la Chine et l'Inde qui se parlent, où est la place de la France ?", a renchéri lors de la même conférence de presse Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture.

Les deux ministres ont assuré que leur budget respectif pour 2011 ne diminuerait pas. Selon des diplomates, le Quai d'Orsay devrait perdre 520 postes sur les trois ans à venir dans le cadre de nouvelles restrictions budgétaires décidées par le gouvernement. Des mesures fortement contestées au moment où de nombreuses voix prestigieuses - les anciens ministres Alain Juppé, Hubert Védrine ou encore l'ex-ambassadeur Jean-Christophe Ruffin - s'alarment du déclin de la France dans le monde et de la déliquescence du ministère.

Lors d'un discours clôturant trois jours de réunions à Paris de quelque 2 200 représentants du réseau culturel français à l'étranger, Bernard Kouchner a rappelé qu'il lui avait fallu trois ans pour mener sa réforme de ce secteur, qui a suscité beaucoup d'opposition au sein de son ministère.

"Vous n'êtes pas faciles du tout, vous êtes craintifs, rebelles, rétifs en permanence", leur a lancé Kouchner. "Qu'est-ce que vous avez pensé ? Qu'on allait brader le réseau ? Alors que tout le monde savait que notre offre n'était pas suffisante ! Vous avez pensé que nous allions faire des économies ? Et bien vous aviez tort", a-t-il souligné.

La nouvelle agence "Institut français" a été créée par une loi début juillet. Elle a vocation à chapeauter les instituts, centres et services culturels français répartis dans le monde, et débutera ses activités le 1er janvier sous la direction de Xavier Darcos, ex-ministre de l'Education. Le réseau culturel français à l'étranger emploie environ 8 000 personnes.

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