12 AVRIL - HISTOIRE France

Guy Konopnicki- Photo DR/ÉDITIONS NICOLAS EYBALIN

"Le gaullisme et le communisme avaient vécu ensemble, ils étaient condamnés à mourir ensemble." En une phrase, Guy Konopnicki résume son livre. Le jour où de Gaulle est parti raconte cet effondrement. Konop était jeune, membre du bureau national de l'Union des étudiants communistes. Il n'avait pas crié "CRS-SS" en 68 parce qu'il savait par son père, commandant FTP, ce qu'avaient été les SS. Il connaissait également le Général et Waldeck Rochet. C'est ce dernier, le secrétaire général du PCF, qui sert de fil rouge à l'évocation de ce 27 avril 1969, trace diffuse d'une époque où le Parti séduisait encore 20 % de l'électorat.

"Je n'écris pas avec la rigueur scientifique du chercheur, mais avec les moyens du romancier. Je tente de reconstituer l'histoire, en m'appuyant tantôt sur des documents et des ouvrages d'histoire, tantôt sur des souvenirs et des romans." C'est le principe de la collection "Au vif de l'histoire" chez le tout nouvel éditeur Nicolas Eybalin qui se place sous les auspices de la muse Clio. Auteur de près de trente romans et essais, Konop a utilisé avec efficacité ce savoir-dire. A 63 ans, chroniqueur à Marianne a la mémoire vive de cette époque. Il fait preuve d'une certaine tendresse pour ce dirigeant communiste, stalinien mais pas trop, réformateur en douceur, maraîcher devenu "révolutionnaire professionnel". A la tête du PCF depuis 1964, il aura fort à faire avec Jeannette Vermeersch, la veuve de Maurice Thorez, qui poussera le pitoyable Georges Marchais dans l'arène de la politique où il finira vedette des plateaux télévisés.

"En sortant du gaullisme, nous sommes entrés dans l'ère médiatique et les bateleurs ont remplacé les hommes politiques." C'est l'autre sujet du livre. Après le départ de de Gaulle, Waldeck Rochet est conscient qu'une page vient de se tourner. Après avoir secrètement espéré la victoire du "oui" au référendum, le PCF appelle à l'abstention entre Poher et Pompidou, et ce dernier sera élu, mais par seulement un tiers de l'électorat. L'occasion pour Jacques Duclos d'un bon mot : il surnomme Pompidou "monsieur tiers", référence perfide au Thiers massacreur de la Commune.

Konop étale donc les cartes d'une fin de partie : la droite antigaulliste qui se réjouit du départ du "Vieux", les communistes qui prennent conscience de la perte d'un étrange soutien et Waldeck Rochet "broyé par l'histoire", succombant à la médecine soviétique et à une attaque cérébrale qui le prive de sa raison.

En pleine période électorale, la riche idée de ce livre est de nous raconter une autre élection. Non pas pour comparer, simplement pour montrer. C'est vif, intelligent, cela nous parle de la politique autrement. Avec passion.

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