Démasquée en février 2008 à propos du récit de sa prétendue traversée de l’Europe en guerre, Misha Defonseca, auteure du récit Survivre avec les loups, fait à nouveau parler d’elle aux Etats-Unis en raison du différend qui l’oppose depuis 1998 à son éditrice, Jane Daniels.
Dans un arrêt qu’il espère être le dernier dans cette affaire, le juge Kantrowitz décide que l’éditrice n’aura pas à payer les 22,5 millions de dollars (16,4 millions d’euros) de dommages-intérêts auxquels elle avait été préalablement condamnée pour avoir dissimulé une partie des droits qu’elle devait à Misha Defonseca.
Bien que très curieuse, l’histoire de cette jeune enfant juive sauvée par des loups en traversant l’Europe en 1941 de la Belgique jusqu’à l’Ukraine à la recherche de ses parents déportés avait connu un succès grandissant. Son adaptation au cinéma en 2008 connaissait le même engouement. C’est précisément ce succès qui a incité le quotidien belge Le Soir à enquêter, et à découvrir la supercherie : tout était totalement inventé.
En France, le livre est toujours disponible chez Pocket dans son édition de janvier 2008, publiée quinze jours avant la sortie du film. Dans sa première édition de poche en 1999, ce prétendu témoignage avait été utilisé au collège comme illustration des récits de vie. Le texte est également au catalogue de XO, mais dans une réimpression réalisée en mars 2008, après la découverte de l’affaire, et avec un avertissement de l’éditeur, Bernard Fixot, à l’origine de sa première édition en France en 1996, alors qu’il dirigeait les éditions Robert Laffont.
« Je publie des témoignages depuis trente ans, et c’est la première fois que je rencontre un tel problème » reconnaît l’éditeur. Certains lecteurs « se sentiront trompés, et je voudrais leur dire que je suis désolé de cette déception, et que je leur présente mes excuses » écrit-il, en ajoutant que ce livre est désormais « une oeuvre de fiction ». Bernard Fixot avait commandé à l'écrivain Lionel Duroy, et publié trois ans plus tard une enquête sur La véritable histoire de Misha Defonseca, qui insistait sur les traumatismes d’enfance de l’auteure, l’ayant amenée à cette affabulation.