L'assemblée générale de l'Association, qui visait, lundi 11 avril à Paris, à redonner une direction au label indépendant de bande dessinée en pleine crise depuis le début de l'année (voir LH 860, du 8.4.11, p. 49), s'est soldée par une large victoire du comité de soutien aux salariés qui avaient fait grève pendant un mois en janvier à la suite de menaces de licenciements qu'ils estimaient injustifiées par la situation financière de l'entreprise.

Mobilisé autour d'une pétition qui a recueilli plus de 1400 signatures et du blog Longue vie à l'Association, ce comité est composé de plusieurs fondateurs de la maison, qui s'en étaient éloignés en désaccord avec l'auteur et éditeur Jean-Christophe Menu, et de nombreux auteurs. Il a obtenu, lors de l'élection du conseil d'administration de cette structure au statut d'association loi 1901, le rejet de la liste bloquée proposée par Jean-Christophe Menu, et la formation d'un conseil d'administration exclusivement composé des sept cofondateurs en 1990 de cette maison d'édition emblématique du renouveau de la bande dessinée au cours des deux dernières décennies.

Réalisé en présence d'un huissier et des avocats des deux parties, le vote des 304 adhérents présents ou représentés a ainsi ramené à la tête de la maison non seulement Jean-Christophe Menu (297 voix), mais aussi Killoffer (223), David B. et Mokeït (222 chacun), Lewis Trondheim (221), Mattt Konture (220) et Stanislas (219). Les autres candidats, proposés par Jean-Christophe Menu, n'ont, eux, obtenu que 81 voix ou moins.

Du côtés des sept salariés de L'Association, “nous sommes très heureux de l'issue du scrutin, remporté haut la main”, se félicite Carmela Chergui, contactée par Livres Hebdo. “Cette confrontation directe nous a sortis des longs échanges de mails et des communiqués”. Pour elle, désormais, “l'Association est entre les mains des sept fondateurs qui devaient élire parmi eux mercredi 13 avril au soir un Bureau pour convoquer une nouvelle assemblée générale afin d'élargir le conseil d'administration. Ce qui peut nous arriver de mieux à l'avenir,” plaide Carmela Chergui, “c'est que le conseil d'administration soit composé de personnes appartenant à la chaîne du livre, à même de prendre des décisions.”

En revanche, pour la présidente sortante de L'Association, Patricia Perdrizet, proche de Jean-Christophe Menu, le résultat de l'assemblée générale constitue “une catastrophe”.?“Ce vote n'a aucune valeur juridique”, a-t-elle déclaré à Livres Hebdo, estimant que la liste des fondateurs n'a “aucune volonté de conciliation, ne serait-ce que pour intégrer un membre de notre liste”. Pour elle, “Ce sont des gens naïfs qui mélangent conseil d'administration et comité éditorial, et aussi malveillants car ils veulent diriger eux-mêmes et éliminer Jean-Christophe Menu !”

L'avenir de la maison d'édition de Riad Sattouf et Marjane Satrapi reste encore flou. Pour Patricia Perdrizet, “soit nous jetons l'éditeur en pâture, soit nous entrons dans un conflit juridique dont, assure la présidente sortante, nous n'avons pas envie.”