Lors du premier confinement, mes élèves cherchaient des livres à lire. À chaque fois, je leur posais des questions pour les orienter vers un ouvrage. À commencer par : « pourquoi voulez-vous lire ? ». Les mêmes questions revenaient à chaque fois, d’où l’idée d’en faire un algorithme.
Comment fonctionne Alexandre & Aristote ?
Pour personnaliser la lecture, l’utilisateur doit répondre à une courte série de questions. À chaque réponse, le choix s’affine. Par exemple, si une personne indique avoir envie de lire pour renforcer sa culture politique, la question suivante demande quel courant exact parmi la gauche, la droite…
Nous testons également le niveau de la personne en lui demandant s’il a déjà lu un certain ouvrage ou s’il sait qui l’a écrit. Ainsi, si une personne cherche un ouvrage de littérature, mais qu’il n’a pas lu Le père Goriot de Balzac, nous allons l’orienter vers des livres pour débutant.
Quels sont les ouvrages proposés ?
Avant de faire l’ENA, je me suis préparée à l'École Normale Supérieure. J’ai appris en quelques années la culture générale de base et quels sont les livres incontournables dans certains domaines. Alexandre Galien, auteur, camarade enseignant à Science Po et vice-président de l’association, m’a beaucoup aidé à faire une sélection et à tout rentrer dans la base de données. Nous avons près de 4000 ouvrages dans 17 domaines tels que la philosophie, la littérature, la politique...
Il y a un côté subjectif dans la sélection…
La sélection se fait de façon subjective et nous l’assumons totalement. Mais à terme, l’idée est de casser cette subjectivité en engageant des personnes expertes pour faire une sélection dans leur domaine de prédilection. Par exemple, un agrégé de philosophie pour cette partie ou un avocat pour le droit.
Un partenariat a été créé avec la ville du Blanc Mesnil (93), pouvez-vous nous en parler ?
Alexandre & Aristote n’est pas juste un algorithme, l'idée est de l’utiliser avec un public concret. Nous allons organiser des événements dans un lycée classé REP (Réseau d'éducation prioritaire). Nous ciblons les 16 à 25 ans, donc autant les lycéens que les étudiants. Le défi est d'intéresser les jeunes à la lecture. Nous sommes là pour leur dire que la littérature va vous parler. Si on n'arrive pas à les intéresser c’est que ce n’est pas assez personnalisé.
J’ai l’impression qu’il y a une démission. On entend qu'il n’est plus possible de faire lire les jeunes. Avant il y avait des émissions comme celle de Bernard Pivot où l’on pouvait voir des auteurs à des heures de grande écoute. Cela ne se fait plus ou du moins le public s’est éloigné. Si on prend le temps de recueillir l'intérêt du public, ses ambitions, alors nous pouvons l'intéresser à la lecture.
Quels sont vos projets futurs ?
À la fin du parcours, le livre conseillé est proposé à l’achat via une librairie, la Fnac ou Amazon. À terme, nous souhaitons proposer ce service à des librairies, en développant des partenariats avec elles. En parallèle, nous souhaitons développer notre site. Dans un délai de 2 mois, l’objectif est de lancer une deuxième version avec un vrai parcours de lecture à proposer. L’utilisateur aura son propre compte personnel. Après la première lecture, il pourra nous faire ses retours pour qu’on lui propose d'autres ouvrages.