Depuis Balzac, le modèle était resté le même. L’éditeur publie l’auteur, son livre est remarqué ou pas par la critique, et les lecteurs l’achètent ou pas chez leur libraire. La révolution numérique a balayé ce schéma. L’auteur peut désormais s’exprimer sur la Toile sans passer par un éditeur, tout comme les lecteurs voire les critiques via les réseaux sociaux. Une presse sous perfusion avec des pages de plus en plus étiques, moins prescriptrices et un Nouveau Magazine littéraire moins littéraire ont également de quoi nourrir l’inquiétude. A l’inverse, l’arrivée d’Adèle Van Reeth sur Public Sénat pour présenter une nouvelle émission littéraire après l’arrêt de "Bibliothèque Médicis" rassure. Paradoxalement, l’objet livre qui peine à se dématérialiser doit faire avec ce nouvel environnement numérique. Le baromètre mis en œuvre par Ipsos à la demande du CNL depuis 2015 constate cette mutation. En 2017, 71 % des sondés évoquaient le manque de temps pour la lecture à cause des smartphones et des services de streaming, mais 67 % déclaraient qu’ils aimeraient lire plus de livres. Tout n’est donc pas perdu.
C’est sur ce désir de lire, toujours vivace, qu’il faut faire levier en faveur de la promotion qui devrait être au cœur des Assises nationales des bibliothèques et de la lecturepublique en mars prochain. Il importe donc à l’Etat, aux ministères de la Culture et de l’Education nationale, aux collectivités locales, aux libraires, aux bibliothécaires, aux associations, aux organisateurs de salons et aux lecteurs eux-mêmes de poursuivre leur effort afin de pallier la faiblesse des outils de promotion classiques pour faire revenir les publics perdus dans Internet. Le maintien du livre dans un monde numérique est à ce prix. L. L.