La tentation du bref

"Pour nos ouvrages de mathématiques et de sciences, nous privilégions les contenus en ligne complémentaires avec des exercices."Frédéric Vignaux, Studyrama - Photo Olivier Dion

La tentation du bref

La maîtrise de la pagination est devenue un enjeu économique et commercial majeur dans l’édition universitaire.

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Par Charles Knappek
avec Créé le 19.09.2014 à 02h32 ,
Mis à jour le 23.04.2015 à 10h06

L’essor des collections de poche se poursuit au détriment des grands formats et amène certains éditeurs à s’interroger sur la longueur de leurs ouvrages, en particulier de référence. "Beaucoup de publications ont pris trop d’ampleur cette année, reconnaît Julien Winock, responsable du département de l’édition à La Documentation française. Nous expliquons aux auteurs qu’ils doivent réduire le volume. Certains ont pris l’habitude de prendre leurs aises et de rendre un manuscrit d’un million de signes quand on leur en demandait 500 000" L’éditeur a pour lui l’expérience du succès de la collection "Doc en poche", qui traite d’un sujet dans des petits formats à petit prix. "Ces formats allégés sont en lien avec les nouvelles pratiques de lecture, c’est de là que vient notre réflexion pour nous adapter à cette tendance", poursuit Julien Winock, qui précise que si les auteurs les plus jeunes sont conscients de l’évolution du lectorat étudiant, les universitaires chevronnés sont en revanche plus réticents à l’idée de réduire la voilure.

L’effet référence

"D’une manière générale, je lutte contre la tendance des auteurs à s’étaler", indique aussi Hugues Jallon, P-DG de La Découverte. Mais celui qui a succédé à François Gèze en février dernier s’adapte aussi en fonction des titres. Le cas des manuels "Repères", notamment, est spécifique. "Leur taille participe de l’effet référence, même si la question du prix doit être in fine prise en compte, c’est une éternelle et délicate équation." Pour sa part, Pearson défend le caractère exhaustif de ses gros ouvrages de référence (Fonctions RH, E-commerce, Principes de marketing…) : "Ces livres analysent les pensées, les concepts, exposent les meilleures pratiques dans les disciplines fondamentales enseignées en école de commerce et en université de gestion, rappelle Florence Young, directrice de l’enseignement supérieur. Ce type d’ouvrages nécessite un volume certain pour proposer un contenu exhaustif et clair, mais la consigne est de conserver la même pagination à chaque nouvelle édition pour éviter une surenchère de texte qui finirait par noyer le contenu." Parallèlement, la nouvelle collection "LM" permet à Pearson de proposer aux enseignants et aux étudiants des petits ouvrages à plus petit prix également, avec une introduction à différentes disciplines et plus centrés sur la mise en pratique. Chez Studyrama, qui a notamment acquis Bréal cette année, le directeur du département édition, Frédéric Vignaux, préfère déplacer le problème : "Bréal avait déjà tendance à limiter la pagination. Pour nos ouvrages de mathématiques et de sciences, nous privilégions les contenus en ligne complémentaires avec des exercices."

19.09 2014

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