17 avril > Littérature France

"Je lis La princesse de Clèves", proclamait il y a quelques années un fameux badge. Désormais on pourra ajouter : "…en Pléiade". La "Bibliothèque" accueille les "œuvres complètes" de Marie-Madeleine Pioche de La Vergne, la très fameuse Madame de Lafayette (1634-1693), créatrice d’un des personnages les plus mythiques de la littérature occidentale, illustre femme de lettres qui n’a pourtant publié qu’un seul texte sous son nom de son vivant - un portrait de la marquise de Sévigné -, mais dont le roman publié anonymement, canonisé, a traversé trois siècles et demi d’histoire littéraire pour parvenir jusqu’aux lycéens candidats du bac de français en 2014…

Si, depuis sa première édition en 1678, La princesse de Clèves dont on ne dispose d’aucun manuscrit connu, a installé Madame de Lafayette au panthéon des auteurs classiques, la postérité de cette œuvre, tenue par la critique moderne comme la pierre de touche du roman d’analyse psychologique, a aussi éclipsé les autres écrits, observe Camille Esmein-Sarrazin qui a établi, pour ce 596e volume de la collection, ce qu’elle revendique comme la "première édition critique de l’ensemble de l’œuvre". Elle y analyse les raisons du succès de la Princesse, soulignant sa modernité narrative et rappelant la polémique qu’il a suscitée, mais a aussi l’ambition de présenter toutes les formes de cette "œuvre plurielle" composée d’"un long roman, un roman plus bref - Zayde (1670-1671), signé à l’époque par Segrais) - des nouvelles et une vie d’Henriette d’Angleterre".

Autre apport inédit de cette édition, la correspondance "intégrale en l’état de nos connaissances" qui réunit les lettres dont Madame de Lafayette est destinataire. Correspondance qui révèle notamment la distance entre l’historienne moraliste et ses héroïnes féminines, entre la précieuse, proche de la cour de Louis XIV, la femme du monde dans un "rejet absolu du commerce amoureux", observe la préfacière, et ses personnages (la princesse de Clèves, la princesse de Montpensier, la comtesse de Tende) incarnant les modalités de la jalousie et de la trahison sentimentale, pris dans l’irrésistible des passions humaines.

V. R.


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