Si les murs pouvaient parler, la chambre 310 de l'hôtel Aletti aurait beaucoup à dire. Elle a été le témoin d'un premier amour inoubliable, unissant Inès et Pierre. Ces voisins ont grandi ensemble. Peu à peu, leur lien s'est fortifié. Aussi ne peuvent-ils se contenter de baisers volés. En dépit des mœurs algériennes, Inès se donne corps et âme à son amoureux. Seul le groom discret de l'hôtel est témoin de leur péché. Son opinion est toutefois révélée à travers divers monologues qui composent ce roman choral.

On y entend aussi les voix des deux héros, séparés par la guerre d'Algérie. « L'Histoire se joue de la liberté des êtres, elle se moque de leurs étreintes et de leurs espoirs. » Mais le temps peut-il effacer des souvenirs aussi puissants ? C'est ce qu'espère Rachid, qui tombe également follement amoureux d'Inès. Il découvre son secret, mais l'accepte telle qu'elle est. Le fantôme de la chambre 310 existe néanmoins. Sa patience infinie aboutit à une forme de bonheur. Or, trente ans plus tard, leur vie vacille. « Le premier amour est-il vraiment le dernier », se demande le duo de romanciers Michel Canesi et Jamil Rahmani. Après Le Syndrome de Lazare, adapté par Téchiné, ils dressent un parallèle entre des cœurs et un pays déchirés, l'Algérie.