Les musées sont pleins de cadavres. C'est assez normal si l'on considère, avec Thomas de Quincey, l'assassinat comme un des beaux-arts. Christos Markogiannakis, criminologue et esthète, en avait fait l'expérience en arpentant le Louvre. De cette escapade « criminartistique » il avait tiré Scènes de crime au Louvre (Le Passage, 2017). Il récidive avec le musée d'Orsay. La période est plus resserrée, mais les trucidés tout aussi présents. La mythologie est toujours bien présente, tout comme la figure du Christ, mais l'histoire s'y invite davantage, de même que les faits divers. Avec subtilité, Christos Markogiannakis parvient même à boucler sa promenade en évoquant l'un des plus grands crimes de l'histoire, non représenté dans les collections, mais porté par l'édifice de l'ancienne gare d'Orsay qui accueillait en 1945 les prisonniers et rescapés des camps nazis.
L'ancien avocat pénaliste observe chaque œuvre comme une enquête. Il sait tenir son lecteur en haleine, et quand il y a peu à voir il contextualise. Il puise chez les historiens et les anthropologues pour nous livrer sa lecture et évoquer les crimes, les vrais, et les châtiments. Après le coup de maître du Louvre, il n'était pas évident de rééditer une visite étonnante et glaçante à Orsay. Pari réussi. A sang pour sang.
Christos Markogiannakis
Scènes de crime à Orsay
le Passage
Tirage: 5 000 ex.
Prix: 22 euros ; 240 p.
ISBN: 9782847423976