11 avril > Histoire Chine

Liu Zhiji travaillait au Bureau de l’histoire. Employé lettré et efficace, il laissa un Traité de l’historien parfait. Cela se passait au VIIIe siècle, dans la Chine impériale des Tang. Grâce au travail de Damien Chaussende, nous avons désormais accès à ce livre étonnant, dans une élégante édition bilingue.

L’ouvrage, passionnant, est conçu comme un manuel, avec une partie théorique et une autre pratique. Il nous fait littéralement entrer dans l’atelier de l’historien, là où l’on fabrique le passé dans la plus pure tradition artisanale, avec un savoir-faire indissociable du savoir-écrire.

Dans son introduction, Damien Chaussende nous dit tout sur ce Bureau de l’histoire, sur Liu Zhiji (661-721) et sur son œuvre. Nous entrons ensuite dans le cœur du sujet. Comment écrivait-on l’histoire dans la Chine classique ? Point d’objectivité ! L’historien donne son avis, c’est même recommandé. Mais attention, il risque d’être exécuté si son texte ne plaît pas au souverain. Conçu comme un guide pour l’élite au pouvoir, il fournit aussi des modèles de conduite pour les princes à venir.

Pour cela, il faut de la clarté, de la concision, se méfier du verbiage, des notes et de la déformation de la vérité, ce qu’il nomme le "pinceau malhonnête" chez ses collègues. L’histoire selon Liu Zhiji revient à une opération de réduction pour ne retenir que l’essentiel. Il la résume par quelques objectifs : dégager un sens moral, faire connaître les lois et les institutions, mettre en rapport le passé et le présent, dégager les changements et les continuités, célébrer les exploits et mettre en lumière les fautes. Rien que du bon sens !

L. L.

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