Auteur âgé de seulement 25 ans, formé à l’Esag Penninghen, Xavier Coste s’est distingué par la force de son graphisme dès son premier album, Egon Schiele, vivre et mourir, paru en 2012 et suivi en 2013 de Rimbaud, l’indésirable (les deux chez Casterman). Le dessin, soutenu par un beau et singulier travail à l’aquarelle, constitue encore le premier atout d’A la dérive, où les variations sur les bleus et les ocres font ressortir toute la palette des tensions de l’atmosphère. Mais le dessinateur, qui s’écarte cette fois du biopic, a aussi progressé dans la maîtrise du scénario.

Xavier Coste s’inspire très librement de la trajectoire des Irlandais Eddie Guerin et Chicago May, dont il transpose le plus haut fait, le casse de 1903 à l’American Express, dans le Paris inondé de 1910. Acculés par les dettes de jeu du premier, Eddie et Agatha montent un hold-up avec deux "Apaches" (les bandits parisiens de l’époque). Mais l’affaire tourne mal pour Eddie, déporté au bagne. Retraçant en parallèle l’organisation approximative du casse et le délitement du couple, Xavier Coste nous livre de Paris sous les eaux comme de la jungle guyannaise des images aux accents fantastiques. Fabrice Piault