Francfort 2023

Le conflit israélo-palestinien s’invite à la Foire de Francfort

La Foire de Francfort sera inaugurée cette année le 16 octobre - Photo Olivier Dion

Le conflit israélo-palestinien s’invite à la Foire de Francfort

Alors que la Foire de Francfort 2023 s'ouvre mardi 17 octobre, le report de la remise d’un prix à la romancière palestinienne Adania Shibli a provoqué une vague d'annulation dans le monde de l'édition arabophone. 

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Par Éric Dupuy
Créé le 16.10.2023 à 17h42

Alors que la Foire du livre de Francfort 2023 s'ouvre mardi 17 octobre, le conflit israélo-palestinien s'invite déjà dans ses allées. Une pétition contre le report de la remise du prix LiBeraturpreis à la romancière palestinienne Adania Shibli, signée par plus de 600 acteurs du monde du livre, a été publiée lundi 16 octobre, ponctuant un week-end d’indignations et d’annulations de venues de la part de nombreux éditeurs arabophones.

Vendredi 13 octobre, l’association Litprom, qui promeut des auteurs étrangers dans la langue allemande et remet un prix littéraire chaque année lors de la foire du livre de Francfort, a décidé de ne pas organiser de cérémonie cette année pour le prix remis à Adania Shibli « en raison de la guerre déclenchée par le Hamas », tout en cherchant « un format et un cadre appropriés pour l'événement à un moment ultérieur ». Son roman pour lequel elle doit être primé est paru en 2020 chez Actes Sud en France et a été traduit dans une douzaine de langues. Un Détail mineur est inspiré d'un événement révélé par la presse israélienne en 2003, celui du viol et du meurtre d'une jeune bédouine du Néguev en 1949. Le récit dénonce l'emploi du viol comme arme de guerre et aborde le thème de la mémoire et de l'oubli.

La foire « pleinement solidaire du côté d’Israël »

Cette décision est tombée alors que le Directeur général de la manifestation Jürgen Boos a déclaré que « la guerre terroriste contre Israël contredit toutes les valeurs défendues par la Frankfurter Buchmesse » et que cette dernière mettra en lumière « les voix juives et israéliennes », ce qui comprendra des discussions et des apparitions supplémentaires sur les scènes de la foire, et que le rendez-vous « se tient pleinement solidaire du côté d'Israël ».

Une prise de position qui a heurté le monde de l’édition arabophone. Dès samedi, plusieurs éditeurs et organisations ont annoncé l’annulation de leur venue à Francfort, dont l’Association des éditeurs arabes, basée au Caire, ou celle des éditeurs des Émirats Arabes Unis (AEA).

« Une bêtise énorme »

Mohamed Rashad, le président de l’AEA a qualifié de « grave erreur » le fait de « considérer d’un seul angle » le conflit israélo – palestinien dans un courrier à destination des organisateurs allemands, repris par le quotidien libanais L’Orient le jour.

Une controverse qui nourrira à coup sûr les discussions entre agents et directeurs de droits toute cette semaine, au Frankfuter Hof, l’hôtel mythique de la ville comme dans les travées du centre des congrès. « Le report de cette remise de prix est une bêtise énorme », s’exclame une figure historique de la Foire qui regrette le parti pris de l’organisation. « On a le droit et peut-être le devoir d’être pro-palestinien autant que pro-israélien », argue-t-elle.

 « J’ai trois rendez-vous annulés, dont deux d’éditeurs israéliens », se désole un responsable de droits en partance pour Francfort avec un emploi du temps fourni de près de 70 rendez-vous. « C’est vrai qu’il y a des tensions mais il ne faut pas se positionner de manière si tranchée », fustige-t-il.

Publiée sur le site ArabLit, et repris en France par Le Monde lundi 16 octobre, la lettre ouverte dénonçant le report de la remise du prix LiBeraturpreis a été signée par trois prix Nobel de littérature dont Annie Ernaux, son éditeur américain Dan Simon, le directeur de l’agence londonienne RWC -qui représente Adania Shibli- Peter Straus ou encore l’éditrice chez Archipelago Books Jill Schoolman.

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