Le méconnu et énigmatique Vicomte de Lascano Tegui a été redécouvert en France en 1994. Lorsque Le Dilettante exhumait Elégance des temps endormis. Un récit bref et réaliste, "une des choses les plus originales, les plus caractéristiques que j'ai jamais lues" de l'avis de son traducteur, Francis de Miomandre, qui voyait en Lascano Tegui "un évocateur étonnant". Né en 1887 à Conception del Uruguay (Argentine) et mort à Buenos Aires en 1966, ce curieux personnage aurait été tour à tour prothésiste dentaire, brocanteur ou diplomate.

Après que les éditions Circé ont également publié en 2008 Album de famille, voici maintenant que la jeune maison marseillaise, Vagabonde, propose son Livre céleste. Un petit volume écrit en 1936 à Boulogne-sur-Mer, en vingt-cinq jours, par celui que la traductrice et préfacière Catherine Vasseur surnomme joliment "le kaléidoscopique". Le narrateur de ce texte hautement poétique et enlevé confie être le fils unique d'une mère créole et brune "comme les figues fleurs", et d'un "dandy" de père qui dilapidait sa fortune "en redingotes et pantalons couleur cannelle".

Tout en célébrant l'histoire de sa terre natale, il nous parle d'éléphants et d'hirondelles. Du yacaré, "un lézard lacustre", et de l'aop, le "jaguar amphibie". De la vie des pierres, "qui est toujours honteuse et sinueuse", ou des cactus qui sont soit "obèses" soit "flegmatiques". Sans omettre, au détour d'une page, d'affirmer avec panache que "le crissement est le violon de la plaine".