27 mai > roman Allemagne

Traduit dans plus de trente langues, Le disparu (Hachette Littératures, 1999, repris en Folio), son premier roman, a d’emblée fait connaître le nom d’Hans-Ulrich Treichel. L’Allemand originaire de Westphalie a ensuite poursuivi une œuvre forte avec des livres comme Vol humain (Gallimard, 2007) ou Anatolin (Gallimard, 2010).

Le lac de Grunewald, le dernier en date, est aussi le plus surprenant de ses romans. On y suit le parcours de Paul, un jeune homme issu d’un milieu modeste et d’une famille sociale-démocrate d’Allemagne du Nord. Le héros de Treichel a étudié l’histoire. Il a toujours été attiré par les femmes. Il fréquente d’abord une camarade, Birgit, qui veut devenir éducatrice en arts plastiques. Celle-ci lui parle avec passion d’un peintre qu’elle affectionne, peintre qui avait couché sur ses toiles la palmeraie de l’île aux Paons, pendant leurs promenades autour du lac de Grunewald.

Puis Paul quitte Berlin pour devenir professeur de langue à l’université de Malaga. Il gagne chichement sa vie, loue une chambre sans fenêtre chez un couple de professeurs d’anglais, Andrew et Janet. Mais il a aussi l’occasion de rencontrer Maria. Une jeune femme aux cheveux blond miel, aux yeux qui oscillent entre le vert et le gris en fonction du temps. Elle est mariée à un cadre supérieur dans l’administration, étudie la médecine. Comment ne pas succomber à sa voix d’alto, à sa veste de motard, au balancement de ses hanches ? Maria propose à Paul de louer deux pièces dans la maison de son oncle située dans une ancienne zone rurale.

Paul découvre vite que le vieil homme mal rasé et un peu crasseux, qui lui offre un verre de piquette, a été capitaine dans la garde civile sous Franco, dont il lui montre même des photos. Mais l’important est surtout que Maria semble avoir autant envie que lui de faire l’amour…

Hans-Ulrich Treichel propose au lecteur de suivre pas à pas le quotidien d’un personnage sensible aux détails. Un type qui observe, attend et ne cesse de se demander ce qu’il va faire dans l’existence. On ne peut que s’attacher à Paul, qui n’aime pas se lever tôt, a "tout aussi peur de la mort que de mourir", qui ne trouve pas toujours de réponse à ses questions. Il va ensuite assister à la chute du mur de Berlin et faire un curieux voyage en Allemagne avec Maria… Drôle et mélancolique à la fois, aussi séduisant qu’intrigant, Le lac de Grunewald réserve bien des surprises et confirme l’importance de son auteur. Alexandre Fillon


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