Le parlement flamand censure une planche de François Schuiten

de gauche à droite, la planche censurée, la planche en français et la planche en néerlandais.

Le parlement flamand censure une planche de François Schuiten

Parce que le phylactère était en français, il a été masqué par un cadre blanc sur l'affiche d'une exposition, méthode que condamnent l'auteur de BD et son éditeur Casterman.

Par Anne-Laure Walter
avec alw Créé le 15.04.2015 à 21h52

En Belgique, le président du parlement de la Flandre, Jan Peumans, a censuré une planche de BD en noir et blanc tirée de L'enfant penchée (Casterman), de François Schuiten et Benoît Peeters. La planche, qui illustre une exposition sur «Le monde de la bande dessinée en version originale», inaugurée jeudi 16 mai au parlement flamand à Bruxelles, contenait un phylactère en français. Cette bulle a été masquée d'un placard blanc sur les invitations et la couverture de la brochure de l'exposition, et l'image a été recadrée.

François Schuiten, auteur de la planche, à qui le projet de brochure avait été soumis pour approbation avec le texte en français, a découvert la brochure définitive et a vivement réagi dans un courrier adressé à Luc Demullier, le porte-parole du président du parlement flamand.

«Je peux comprendre, évidemment, qu'une planche avec un phylactère en français n'était peut-être pas le meilleur choix pour représenter cette exposition au parlement flamand,
écrit-il. Quand on m'a présenté l'affiche avec l'illustration (qui respectait d'ailleurs la totale intégrité de la planche et indiquait le copyright), j'avais été flatté par ce choix, mais aussi un peu surpris. C'est à la découverte de l'invitation que j'ai été choqué.»

Casterman, qui est l'éditeur en français et en néérlandais de L'enfant penchée, a apporté son soutien aux auteurs en dénonçant «le non-respect du droit moral dû à l'auteur. Celui-ci garantit l'intégrité de toute oeuvre originale et, par conséquent, interdit toute mutilation de celle-ci», précise l'éditeur dans un communiqué.

Dans son courrier, François Schuiten évoque la possibilité de publier la planche dans sa version néérlandaise : «Il y avait mille et une façons de résoudre ce problème. La plus naturelle aurait été de prendre le texte en néerlandais, tiré de Het Schieve Meisje. Les deux versions sont sorties en même temps et sont toujours disponibles dans le commerce.»

Le dessinateur explique enfin en quoi le choix du parlement d'amputer la planche de son texte nuit au projet artistique. «Ce qui est beau dans l'art de la bande dessinée, c'est la rapport entre le texte et l'image. Et l'original noir et blanc révèle ce lien organique qui en fait une écriture unique,» rappelle-t-il.
15.04 2015

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