7 SEPTEMBRE - ROMAN Espagne (Catalogne)

Sergi Pamies- Photo DR/JACQUELINE CHAMBON

Ça patine, ça mouline dans le vide, ça fait du surplace : c'est La bicyclette statique, le petit vélo de Sergi Pamies, le Catalan dont Jacqueline Chambon nous donne fidèlement des nouvelles. Vingt histoires dans cette livraison, peut-être plus sombres que d'habitude et qui laissent dans la bouche un goût âpre comme certaines poires. L'écrivain vieillit. Même si le talent de ce nouvelliste aguerri consiste à ne jamais se départir de son ton "soit dit en passant".

Plus désenchantés donc et plus personnels aussi, certains récits sonnent en tout cas comme très vécus dans ce recueil. Dans "La carte de la curiosité", c'est l'enfance dans une banlieue française avec un père clandestin qui rêve de retourner au pays. Le vrai, exilé politique, est rentré à Barcelone quand l'écrivain avait 10 ans. Citons encore la variation de Pamies sur le thème "comment j'ai vidé la maison de mes parents", dans "Les chansons favorites de Lénine" : les choses que l'on jette, celles que l'on garde. La grâce ou la benne pour les souvenirs de ses parents. Avec "Cent pour cent soie naturelle", le père encore, dont le fils envie la maîtrise du noeud de cravate, à présent qu'il n'est plus là pour les lui nouer.

Même les histoires qui contiennent le plus de fantaisie, comme "Aller au lit de bonne heure" - où le narrateur, un père qui n'a la garde de ses enfants que deux jours par semaine, les autorise à écrire et peindre sur les murs de l'appartement - mesurent au bout du compte le temps qui fuit. Enfin, parmi nos préférées, l'une des plus drôles, on distinguera "Origami" : un homme, dont on ne peut douter qu'il s'agit de Pamies, va passer la nuit de ses 50 ans, seul, à l'hôtel, à proximité de son domicile, pour tenter de lire enfin, en entier, Le Petit Prince, qui lui est jusqu'alors toujours tombé des mains. On ne vous dira pas s'il y parvient.

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