Sans prolonger leurs négociations vers la date symbolique du 8 mars, le Syndicat national de l’édition (SNE) et les syndicats de salariés de la branche, CGT mise à part, ont signé à la fin de janvier un accord sur l’égalité professionnelle hommes-femmes, aboutissement de plus de deux ans de discussions (1). « Si les femmes représentent en moyenne 72 % des effectifs de la branche, particulièrement dans le cœur de métier, le croisement des indicateurs "âge, classification, fonction, filière métier" montre la persistance d’écarts salariaux défavorables aux femmes sur certaines fonctions », reconnaît le préambule du texte qui liste quatre objectifs, et détaille les moyens de leur mise en œuvre : mixité professionnelle, égalité salariale, articulation entre vie professionnelle et vie familiale et privée, égalité et évolution professionnelles.
« Cet accord coïncide avec l’arrivée de nouvelles obligations pour les entreprises depuis le 1er janvier », explique Alain Bergdoll, président de la commission sociale du SNE (et directeur des ressources humaines d’Hatier). Ces obligations relèvent surtout de la transmission d’informations auprès de l’administration (en cas d’accord) ou des salariés (à propos de la situation comparée hommes-femmes), et concernent les entreprises d’au moins 50 salariés - ce qui laisse de côté un grand nombre de maisons d’édition. Depuis la loi du 9 novembre 2010, elles devaient de toute façon avoir engagé un plan d’action sur l’égalité hommes-femmes, mais la rémunération devra maintenant obligatoirement figurer dans les domaines d’action, selon le décret du 18 décembre dernier. Au premier semestre 2012, avant ces nouvelles obligations, au moins une demi-douzaine d’accords ont été signés par Editis-Sejer, Flammarion, France Loisirs, Gallimard, Hachette Livre, La Martinière-Le Seuil, selon le SNE.
« Il s’agit avant tout d’un accord incitatif et pédagogique, dont la traduction concrète dépendra des négociations en entreprises. C’est pourquoi nous avons inclu le rappel d’obligations parfois négligées, et une liste de bonnes pratiques déjà mises en œuvre », explique Martine Prosper, responsable de la CFDT Livre Edition (et éditrice chez Casterman), très active dans cette négociation. Les prochains rapports sociaux de branche devront inclure de nouvelles données permettant de mesurer l’égalité professionnelle, complétant celles des salaires analysées pour la première fois en 2011. A cet égard, l’accord de branche souligne bien que l’égalité salariale doit mesurer un travail de même valeur, et pas seulement s’en tenir aux postes ou aux fonctions identiques. Hervé Hugueny
(1) Disponible en PDF sur Livreshebdo.fr.