DEUX ÉVÉNEMENTS AU CINÉMA

- 17 octobre : Astérix au service de Sa Majesté

La sortie au cinéma d'Astérix et Obélix au service de Sa Majesté, réalisé par Laurent Tirard (Le petit Nicolas), s'accompagne dès le 3 octobre chez Hachette de la réédition d'Astérix chez les Bretons avec une nouvelle couverture, et d'un double album rassemblant Astérix chez les Bretons et Astérix et les Normands, dont le film s'inspire. Sa filiale Albert-René publie le même jour l'album du film, Au service de Sa Majesté, en attendant l'an prochain le 35e titre de la série, qui sera aussi le premier dont Uderzo se contentera de superviser le scénario confié à Jean-Yves Ferri (De Gaulle à la plage) et le dessin de Frédéric Mébarki, collaborateur des studios Albert-René.

Au même moment, un beau livre hommage, René Goscinny, mille et un visages (280 p., 35 euros), rassemblera 460 caricatures du célèbre scénariste d'Astérix, Lucky Luke et Iznogoud chez Imav, la société d'édition de sa fille Anne Goscinny. Elles sont signées par 86 dessinateurs dont Sempé, Uderzo, Morris, Tabary, Gotlib, Bilal, Moebius, Peyo, Cabu, Bretécher, Greg, Druillet, Margerin, Franquin... entre autres.

Hors Collection propose le 11 octobre Albert Uderzo, l'intégrale 1941-1951 (424 pages, 69 euros). Philippe Cauvin et Alain Duchêne y présentent l'ensemble des travaux du dessinateur pendant sa première décennie d'activité, bien avant Astérix.

- 13 février 2013 : Aya de Yopougon

Anticipant la sortie sur grand écran du dessin animé Aya de Yopougon, qui braquera une nouvelle fois le projecteur sur la série éponyme en six tomes de Marguerite Abouet et Clément Oubrerie, son éditeur, Gallimard, publie simultanément deux titres en septembre. Un album grand format reprend les deux premiers tomes, correspondant au scénario du long-métrage, avec un "bonus film" ; et, dans le livre illustré Aya de Yopougon, l'art du film, le journaliste Jean-Claude Loiseau retrace toutes les étapes de sa réalisation.

L'Olivier et Cornélius accouchent d'Olivius

En gestation depuis l'an dernier, Olivius fera ses premiers pas en octobre. Ce nouveau label de bandes dessinées, tendance "romans graphiques", est le fruit d'un partenariat inattendu et original entre le P-DG des éditions de l'Olivier, Olivier Cohen, et le fondateur et directeur du label indépendant de bande dessinée Cornélius, Jean-Louis Gauthey. Le premier, qui a lu beaucoup de romans graphiques depuis deux ans, y voit "un moyen latéral de développer la fiction dans un domaine qui l'intéresse énormément, en se liant à quelqu'un du métier. Un espace s'est ouvert en librairie entre la littérature et la BD, qui ne se confond ni avec l'une, ni avec l'autre, et qui va croître", plaide-t-il. Pour le second, Olivius permettra "de mettre en commun des compétences, d'apprendre l'un de l'autre", et "d'explorer des territoires que Cornélius ne peut pas explorer en raison de sa petite structure, tel celui de l'adaptation littéraire".

Présentés l'un à l'autre par l'auteure d'albums pour la jeunesse et de bandes dessinées Nadja, les deux éditeurs sont copropriétaires de la nouvelle marque. Olivius démarrera modestement, avec 5 ou 6 titres la première année, dans des formats variables. Les projets seront discutés en commun. Jean-Louis Gauthey assurera la direction artistique et technique du label, dont L'Olivier prendra en charge la promotion et la commercialisation via son diffuseur-distributeur, Volumen.

Tirés à 8 000 exemplaires, trois premiers titres sont prévus le 4 octobre : le premier tome d'une trilogie de Nadja, Les filles de Montparnasse ; Palacinche, histoire d'une exilée des Italiens Caterina Sansone et Alessandro Tota, qui retrace sur plusieurs générations la trajectoire d'une famille de Fiume (aujourd'hui Rijeka, en Croatie) ; et Cul nul d'Anne Baraou et Fanny Dalle-Rive, un catalogue humoristique des ratages et râteaux qui émaillent toute vie amoureuse et sexuelle. En janvier paraîtront le deuxième volume de la trilogie de Nadja et une adaptation de Falaise d'Olivier Adam par Thibault Balahy et Loïc Dauvillier. Avant d'autres nouveautés à la rentrée 2013.

L'écriture graphique, credo des nouveaux éditeurs

Comme Olivius (voir p. 78), les deux autres nouvelles maisons de bande dessinée lancées à la rentrée 2012, toutes deux diffusées et distribuées par Les Belles Lettres, entendent avant tout développer la "littérature graphique".

- Créée par l'ancienne cheville ouvrière de L'Association, Jean-Christophe Menu, avec le soutien du fondateur de Futuropolis, Etienne Robial, L'Apocalypse affiche un projet d'"érosion progressive des frontières" de la bande dessinée conçue comme "résolument littéraire, expérimentale et intime", et mariant textes, dessins ou encore musique. Cinq titres sont prévus d'ici à la fin de l'année. L'autobiographique Susceptible de la dessinatrice et musicienne d'origine québécoise Geneviève Castrée et La montagne de sucre, des petits tableaux sur l'amour de Sandrine Martin, sont annoncés pour le 14 septembre avec la réédition de Pense-bêtes de Roland Topor, vingt ans après sa première parution au Cherche Midi. Le 15 octobre paraîtront le premier volume de l'intégrale des Lundis de Delfeil de Ton parus dans Le Nouvel Observateur (1975-1977) et Le rêveur captif de Barthélémy Schwartz, présenté comme "une expérimentation sur le langage du 9e art".

- Initié par l'éditeur Guillaume Griffon (ex-Autrement) et la graphiste Chloé Maquaire, L'Agrume, qui développera aussi à partir de septembre 2013 un programme d'albums ludiques, poétiques et artistiques pour la jeunesse, inaugure son activité BD le 14 septembre 2012 avec deux romans graphiques traduits. Dora du jeune Argentin Minaverry retrace avec force documentation une chasse aux anciens nazis dans les années 1960. Choisis quelque chose, mais dépêche-toi ! de l'Allemande Nadia Budde rassemble avec humour et mélancolie des souvenirs d'enfance dans l'Allemagne de l'Est des années 1980. Cinq titres de bande dessinée sont prévus chaque année.

C'EST BIEN DE L'ART !

Etape majeure dans un processus de reconnaissance qui ne cesse de s'amplifier depuis quinze ans, la bande dessinée fait l'objet le 25 septembre d'un lourd volume de référence et d'hommage dans la collection emblématique de Citadelles & Mazenod "L'art et les grandes civilisations". Sous la direction scrupuleuse de Pascal Ory, Laurent Martin et Sylvain Venayre, avec Thierry Groensteen, Xavier Lapray, Jean-Pierre Mercier et Benoît Peeters, L'art de la bande dessinée présente un panorama du genre sur 592 pages, avec quelque 550 illustrations couleur (205 euros).

Parallèlement, une trentaine de titres sur la bande dessinée et les mangas - études, synthèses historiques, manuels de dessin... - sont programmés pour la rentrée, dont plusieurs ouvrages monographiques. Tout en rééditant Docteur Moebius et Mister Gir, les entretiens de Numa Sadoul avec Jean Giraud, décédé il y a quelques mois, Casterman propose le 26 septembre L'homme qui dessine, des entretiens de Benoît Peeters avec Jirô Taniguchi. D'autres monographies sont consacrées notamment à François Avril (Le Chêne, octobre), François Bourgeon (Imagine & Co, octobre), Wasterlain (Mosquito, octobre), Nicolas de Crécy (PLG, septembre) et Katsura Taizen (Tonkam, septembre).

QUATRE TITRES À GUETTER

- La ruchede Charles Burns (Cornélius, 4 octobre)

La suite de Toxic, paru fin 2010 ("avant-critique", LH 837, du 15.10.2010, p. 54), où cet auteur phare du roman graphique et onirique américain au dessin très "straight" rend un intrigant hommage à Tintin et à Hergé.

- Vie de Mizukide Shigeru Mizuki (Cornélius, 4 octobre)

L'autobiographie épique du grand auteur japonais, à la fois témoignage sur sa vie, marquée par l'engagement dans l'armée nippone, où il perd un bras, et sa survie au sein d'une tribu dans une île du Pacifique, et sur l'histoire du Japon au XXe siècle.

- Moi, René Tardi, prisonnier au stalag 2Bde Jacques Tardi (Casterman, 7 novembre)

Tardi se lance pour la première fois dans un projet très personnel, mûri de longue date, en adaptant les carnets de son père, qui tiennent la chronique de sa jeunesse, et singulièrement de ses années de guerre et de captivité en Allemagne.

- Les fantômes du Louvrede Bilal (Futuropolis-Musée du Louvre, 23 novembre)

L'un des auteurs emblématiques de l'essor de la bande dessinée pour adultes depuis les années 1970 porte à son tour un regard personnel sur le fameux musée, dans la collection publiée en coédition qui comprend déjà 6 titres dont ceux de Nicolas de Crécy et de Marc-Antoine Mathieu.

10.10 2014

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