Les libraires ont repris du poil de la bête et envisagent l’automne avec sérénité. Certes, ceux qui vendent des livres scolaires doivent faire face à une baisse d’activité dans ce rayon pénalisé par l’absence de nouveaux programmes. Mais pour le reste, et en particulier pour la littérature, la confiance est de mise. Saluant la politique malthusienne des éditeurs, avec la sortie de 555 romans entre août et octobre (contre 646 sur la même période l’an dernier et 701 en 2010), ils n’en apprécient que davantage la qualité. D’autant qu’aucun livre ne vient écraser les autres. Le phénomène est particulièrement marquant dans le domaine français. « Nous pouvons ainsi jouer pleinement notre rôle de guide et de conseiller auprès des clients, observe Coline Hugel de La Colline aux livres à Bergerac. C’est très motivant pour nouscar nous pouvons défendre des titres de qualité écrits par des auteurs peu connus. Et cette année, je trouve qu’il y en a beaucoup. »

Les titres qu’ils aiment.

A côté des quelques grosses sorties à paraître en octobre et novembre, comme Billie d’Anna Gavlada, L’appel du coucou de Robert Galbraith - pseudonyme de l’auteur jeunesse J. K. Rowling - ou, dans d’autres registres, Astérix chez les Pictes et Le guide Hachette des vins , les libraires comptent aussi largement sur leurs coups de cœur pour assurer leurs ventes du second semestre. Beaucoup l’assurent chez les indépendants : le gros de leur chiffre d’affaires est d’abord réalisé avec les titres qu’ils aiment et qu’ils poussent auprès des clients. Isabelle Leclerc annonce ainsi avoir vendu en l’espace de trois jours dix exemplaires de Dans la maison de l’autre de Rhidian Brook (Fleuve noir). «Je n’aurai pas parié dessus si je ne l’avais pas lu… mais c’est d’ores et déjà un de nos coups de cœur », explique-t-elle.

De manière plus attendue, les libraires, qui ont mis l’été à profit pour lire, comptent beaucoup sur le dernier roman de Véronique Ovaldé, La des brigands, apprécié par beaucoup d’entre eux, dont Christelle Dierickx. A la tête du 5e Art à Saint-Jean-de-Luz, celle-ci a déjà dû lancer un « réassort direct » pour ne pas se retrouver en rupture de stock. Mais beaucoup comptent aussi sur Le quatrième mur de Sorj Chalandon, L’invention de nos vies de Karine Tuil, Les anges meurent de nos blessures de Yasmina Khadra ou encore Une part de ciel de Claudie Gallay.

Ayant le sentiment que la rentrée s’annonce plus forte du côté étranger que français, Laurence Deschamps, chef de produit littérature à la Fnac, compte volontiers sur Cinq jours de Douglas Kennedy, L’écorchée de Donato Carrisi, L’esprit d’hiver de Laura Kasischke, et bien sûr L’appel du coucou.

Du côté des indépendants, c’est Transatlantic de Colum McCann et Canada de Richard Ford qui semblent concentrer les espoirs. Sans oublier Cantique des plaines de Nancy Huston. Tirant les conséquences de la fermeture du Virgin de Barbès, son ex-voisin, Patrick Bousquet reconnaît avoir davantage ouvert ses portes à des titres plus grand public. « Nous ajustons notre offre mais nous ne modifions pas notre identité, tempère-t-il toutefois. Ainsi, nous avons pris 6 exemplaires du dernier d’Ormesson, au lieu d’un seul habituellement. De même, nous allons, plus que d’habitude, mettre le paquet sur Astérix. »

Au-delà de la phase de découverte, toujours très stimulante, les libraires doivent maintenant commercialiser les nouveautés. Comme chaque année, ils vont s’efforcer d’intéresser leurs clients à la production tout en les aidant à faire leurs choix.

Pour la douzième année, la Fnac a renouvelé sa sélection de rentrée et a décerné, jeudi 29 août, son prix du roman Fnac. Elle a notamment récompensé Julie Bonnie, auteur d’un premier roman décapant : Chambre 2 (voir p. 54). De son côté, Cultura inaugure un partenariat avec Lire pour présenter sa sélection riche de 30 romans dans les 150 000 exemplaires d’un tiré à part.

N’hésitant pas à jouer la carte des nouvelles technologies, Mollat propose sur son site Internet des vidéos d’auteurs, des chroniques et un très gros dossier sur les premiers romans intitulé Les nouvelles voix de la littérature française.

Code QR.

Parallèlement, la librairie bordelaise a opté pour une scénarisation particulière. A côté des traditionnelles tables, les vitrines accueillent cette année des photos des membres de l’équipe posant chacun avec son livre préféré pour lequel figure un code QR permettant au passant, lorsque la librairie est fermée, d’aller sur le site Internet pour y chercher davantage d’informations ou pour acheter.

Mais parmi les nombreuses initiatives mises en place, les libraires jouent surtout la carte des rencontres. A côté de la venue déjà programmée de nombreux auteurs, L’Armitière à Rouen invitera ses clients fin de septembre à un petit-déjeuner pour leur présenter les coups de cœur de l’équipe « en mettant l’accent sur des titres dont on ne parle pas forcément beaucoup ailleurs », précise son dirigeant Matthieu de Montchalin. < C. N.

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