Dans une lettre ouverte, rendue publique jeudi 14 avril et co-signée notamment par l’IFLA (International Federation of Library Associations and Institutions, en français : Fédération internationale des associations de bibliothécaires et d'institutions) et la Liber (Ligue des bibliothèques européennes de recherche) Eblida écrit que "c’est une terrible honte que le P-DG de Hachette Livre, Arnaud Nourry, ait choisi de prendre pour cible les bibliothèques" lors de son allocution.
Dimanche 10 avril, Arnaud Nourry a notamment exposé les dangers que représentent la réforme du droit d'auteur que projette la Commission européenne. Il s'est inquiété des exceptions à la loi sur le copyright et plus largement des menaces que représentent les GAFAs (Google, Apple, Facebook et Amazon). Selon lui, "les exceptions au droit d’auteur pour les bibliothèques, l’éducation ou le fair use" auraient "des conséquences dévastatrices sur l’édition européenne si elles venaient à passer", défendant la protection absolue du copyright. Aussi jugeant Google comme "l’acteur le plus susceptible à mettre en péril l’industrie du livre", il a demandé aux 200 professionnels présents au congrès "ce qui empêcherait les GAFAs de se définir eux-mêmes comme des bibliothèques et rendant tous les livres disponibles gratuitement" si la Commission venait à leur donner "sa bénédiction".
Les bibliothèques et professionnels de la documentation se sont sentis ciblés par ce discours du P-DG d’Hachette Livre. La lettre ouverte d'Eblida explique que la communauté des bibliothèques "rejette dans son entièreté l’argument selon lequel les bibliothèques seraient des intermédiaires commerciaux et encourage les éditeurs a aller dans le sens des exceptions de copyright", jugées nécessaires.
Eblida, qui a pris pour son compte les réserves à la réforme du copyright exprimées par Arnaud Nourry, insiste en rappelant que les "bibliothèques s’inscrivent fièrement dans une tradition d’indépendance", qu’elles existent "pour servir l’intérêt public sans but commercial", et qu’elles "supportent un système de copyright équilibré où chacun a accès à l’information et à la création, et où les auteurs sont justement rétribués".