10 avril > récit France

Heureuse idée que celle du Dilettante. Sous l’impulsion d’Olivier Bailly, déjà auteur d’un Monsieur Bob (Stock, 2009) de référence, l’éditeur a réuni en volume neuf articles de Robert Giraud. L’auteur du fameux Vin des rues (Denoël, 1955), des Lumières du zinc (Le Dilettante, 1988) ou de Carrefour Buci (Le Dilettante, 1987), qui a vu le jour près de Limoges en 1921 et s’est éteint en 1997. Un spécialiste de l’argot et des bistrots qui, entre le 8 octobre et le 3 décembre 1956, avait enquêté pour l’hebdomadaire Qui ? Détective sur « la vie secrète des clochards à Paris ».

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Le résultat offre une « exploration de la Ville lumière côté ombre », comme le souligne Bailly dans sa préface. Une « chronique du petit peuple des rues » signée de la plume d’un Giraud « pas vraiment journaliste, surtout pas sociologue », mais « collecteur qui, tel Rousseau herborisant, bat le pavé à la recherche des légendes urbaines ». Partons donc en balade dans les rues de la capitale, à la rencontre de quelques figures pour le moins pittoresques.

Tel Léon la Lune, ou la Chouette, qui demain sera célèbre et a élu domicile rue Mouffetard. Il sait tout faire, n’a plus de métier depuis des années. Ce qui ne l’embarrasse guère puisqu’il est volontaire pour toutes les corvées. Le bonhomme a deux passions : sa chienne Cora, « gentille bête sans race, sans pedigree », et l’harmonica qui lui permet de « régaler un quarteron de bons amis d’un concert improvisé à l’occasion ».

Voici aussi Louis Robespierre, devenu clochard à cause de son épouse infidèle et de la guerre. Celui-ci « “biffine?, “brocante?, récupère chiens et chats bâtards » et se transforme parfois en prestidigitateur avec sa redingote et son gibus. L’Amiral, lui, a une bonne tête à la Victor Hugo et une casquette de marinier, d’où son surnom. Quant à Cloclo, il est boiteux de naissance bien qu’il prétende avoir été blessé dans la bataille du Chemin des Dames ! Guide d’exception, Robert Giraud connaît parfaitement le « manège de la mouise » et ses nombreux acteurs. La visite vaut le jus, comme on dit en argot. Al. F.

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