Sabine Audrerie

La Croix

Qui l’aura ? Je n’en sais rien.

Qui le mérite ? Frédéric Verger et son épatant premier roman, Arden (Gallimard), pour sa fantaisie et son épaisseur littéraires. Deux amis de jeunesse, un esthète aristocrate et un tailleur juif, inventent des opérettes dans ce lieu étonnant, au cœur de la Mitteleuropa : l’hôtel Arden. Frédéric Verger évoque la montée du nazisme et la guerre ? C’est de vérité, de beauté, d’art et d’amour qu’il nous parle, rendant hommage à Nabokov et à Lubitsch. Son roman semble classique et historique ? Tout y est moderne et divertissant. Ce que doit être le Goncourt, en somme.

Olivia de Lamberterie- Photo ELLE

Sylvain Bourmeau

Libération

Directeur adjoint de la rédaction de Libération et producteur de « La suite dans les idées » sur France Culture

Qui l’aura ? Jean-Philippe Toussaint, car je suis de tempérament optimiste.

Qui le mérite ? Jean-Philippe Toussaint, parce qu’il est l’un des plus grands romanciers français aujourd’hui et qu’il clôt un cycle magistral de quatre romans qui mérite le Goncourt. Nue (Minuit) peut d’ailleurs inciter à lire les précédents, mais on peut le lire indépendamment. Il vole pour moi très haut au-dessus des autres finalistes.

Grégoire Leménager- Photo DAVID CAVIGLIOLI

Nathalie Crom

Télérama, France Culture (« La dispute »)

Qui l’aura ? Je n’en sais rien.

Qui le mérite ? Jean-Philippe Toussaint sans hésiter. Parce que la beauté, l’intelligence, la parfaite singularité de Nue sont évidentes. Et que ce roman est l’épilogue d’une tétralogie qui est tout entière une merveille. Ou alors Chantal Thomas, dont L’échange des princesses concentre et relie admirablement les deux sujets sur lesquels elle est littérairement et intellectuellement passionnante : l’Histoire et l’enfance.

Bruno Corty

Le Figaro littéraire

Le journaliste vient d’être promu rédacteur en chef du supplément hebdomadaire, où il succède à Dominique Guiou.

Qui l’aura ? Frédéric Verger pour Arden. Ce serait le troisième premier roman de Gallimard qui remporterait le Goncourt, et sur les trois c’est celui qui a le plus de qualités, à la fois du style, de l’intrigue et de l’imaginaire.

Qui le mérite ? Toussaint pour l’ensemble de son œuvre et la qualité de son écriture.

Marie-Laure Delorme

Le Journal du dimanche

Qui l’aura ?Au revoir là-haut de Pierre Lemaitre, chez Albin Michel, parce que le succès va au succès.

Qui le mérite ?Palladium de Boris Razon, chez Stock, parce que l’auteur transforme la douleur en littérature et donc le malheur en bonheur, parce qu’il dit notre besoin d’histoires, parce que c’est le dernier premier roman de Jean-Marc Roberts qui adorait les prix.

Catherine Fruchon

RFI

Son magazine « Littérature sans frontières » revient le 27 octobre sur l’antenne de RFI tous les dimanches à 19 h 40.

Qui l’aura ? A ce jour, il y a trois auteurs en lice que j’aime beaucoup : Toussaint, Lemaitre et Chalandon. Et si je devais choisir, ce serait Sorj Chalandon pour Le quatrième mur, car c’est un formidable défi littéraire : mêler ses souvenirs personnels et très douloureux de la guerre du Liban avec l’espoir utopique de contrer la barbarie par le théâtre et une pièce hautement symbolique, Antigone, une collusion parfaitement réussie et servie par une écriture au couteau qui vrille le ventre à chaque instant.

Qui le mérite ? Même réponse.

Fabrice Gaignault

Marie Claire, Lire

Chef du service culture de Marie Claire et chroniqueur à Lire, Fabrice Gaignault prépare une biographie du rocker Vince Taylor à paraître fin 2014 chez Fayard. Son Dictionnaire de littérature à l’usage des snobs va par ailleurs être réédité en mars aux éditions Le Mot et le reste.

Qui l’aura ? Pierre Lemaitre. Il signe un grand roman historique assez consensuel, tout public, ce serait un Goncourt populaire.

Qui le mérite ? Jean-Philippe Toussaint. Cela couronnerait son œuvre, la fin d’un cycle, une écriture, un univers à la fois fantaisiste et très poétique, très sensible. J’aime la façon dont il parle des femmes.

Thierry Gandillot

Les Echos

Qui l’aura ? Pierre Lemaitre. Bien sûr, Jean Philippe Toussaint fait partie des favoris avec Nue. Et ce serait une façon pour les jurés Goncourt de saluer le dernier volet d’une brillante tétralogie, même si ce roman est plus faible que les précédents. Et surtout, il n’a de sel que si on a lu les trois tomes qui l’ont précédé. Avec Petites scènes capitales, ils pourraient aussi couronner Sylvie Germain qui nous donne là un de ses meilleurs romans, ce qui n’est pas peu dire. Mais je pense qu’ils feront le choix intelligent de couronner une œuvre à la fois populaire et ambitieuse. Ce serait une bonne façon de réconcilier le Goncourt avec le grand public.

Qui le mérite ? Pierre Lemaitre. Au revoir là-haut est un roman efficace au style impeccable, qui fait preuve à la fois d’un grand sens de l’humour et d’un vrai sens tragique. On ne lâche pas une seconde, ça galope, ça virevolte, ça grince, ça hurle et ça cajole. On ne connaissait pas cette histoire des trafics sordides de l’après-guerre de 14-18, trafics de places de cimetières, de cercueils et de monuments aux morts. Mais derrière la charge cynique qui le porte, le roman finit par nous toucher grâce à l’humanisme qui s’en dégage. Le roman va fouiller là où ça fait mal. Et ça fait du bien !

Laurent Goumarre

France 5, France Culture (« Le rendez-vous »)

Depuis la rentrée, son émission culturelle « Entrée libre » sur France 5 est également diffusée le week-end, dans une version plus longue de 26 minutes.

Qui l’aura ? Cela se jouera entre Pierre Lemaitre et Jean-Philippe Toussaint.

Qui le mérite ? Pierre Lemaitre. Après avoir été un excellent auteur de romans noirs, il passe à un autre genre mais dans lequel on trouve véritablement les ingrédients des romans noirs, après cinquante premières pages qui offrent une plongée magnifique dans la guerre. Chez lui, ça fonctionne très bien. Son écriture est virtuose. Chez Toussaint, je me suis ennuyé, j’ai un problème avec le délire d’imagination qui fonctionne à vide. Certes, il a des qualités de styliste mais la narration n’est pas à la hauteur et j’en ai ras le bol des exercices de style.

Emmanuel Hecht

L’Express

Qui l’aura ? Pierre Lemaitre.

Qui le mérite ? Ormuz de Jean Rolin, chez P.O.L. J’ai beaucoup ri en le lisant, c’est un livre plein d’humour et d’élégance, un petit bijou de marqueterie.

Olivia de Lamberterie

Elle, France 2, France Inter (« Le masque et la plume »)

Qui l’aura ? Je pense que Au revoir là-haut de Pierre Lemaitre va l’emporter. C’est un choix honorable et populaire qui récompensera un vrai « page turner », singulier sous bien des aspects. La limite du livre ? C’est un roman très bien fabriqué, mais fabriqué tout de même…

Qui le mérite ? Je trouve que les trois femmes présentes sur la deuxième liste, Chantal Thomas, Karine Tuil et Sylvie Germain, chacune dans son genre, ont écrit trois romans puissants et étonnants. C’est une rentrée littéraire dominée par les femmes, mais qui le dit ?

Aude Lancelin

Marianne

Qui l’aura ? Frédéric Verger avec son premier roman, Arden, parce que Jean-Philippe Toussaint, c’est pas si mal, mais c’est quand même juste du Robbe-Grillet en moins bien.

Qui le mérite ? Frédéric Verger, parce que c’est ce que nous avons lu de plus puissant sur la guerre et la paix depuis très longtemps. Et aussi parce que, manifestement, il n’en a pas grand-chose à faire du Goncourt.

Marie-Françoise Leclère

Le Point

Qui l’aura ? On parle beaucoup de Pierre Lemaitre, il a bien réussi sa conversion du polar au romanesque. Par ailleurs, la guerre de 14 est dans les têtes et, si je ne m’abuse, certains académiciens ne sont pas insensibles à l’histoire de la nation. C’est aussi un bon roman populaire, dans le bon sens du terme. On est face à quelque chose de grande qualité dont on tourne les pages. Tout cela me paraît convergent, mais d’autres sont aussi envisageables.

Qui le mérite ? La notion de mérite est absolument hors de propos, je n’ai pas envie de répondre.

Bernard Lehut

RTL

Chef adjoint du service culture de RTL, Bernard Lehut est responsable des livres dans « Laissez-vous tenter », qui se déplacera à Lourmarin le 29 octobre pour rencontrer Catherine Camus. Il publie le 31 octobre La bibliothèque idéale RTL aux éditions de l’Opportun.

Qui l’aura ? Au revoir là-haut de Pierre Lemaitre, parce que nous sommes à la veille du centenaire de 1914, que le livre est déjà un succès et que le Goncourt doit retrouver son rang de prix le plus prescripteur après deux millésimes aux ventes inférieures à la moyenne.

Qui le mérite ?Au revoir là-haut, parce qu’il s’agit, dans cette rentrée, du roman qui réussit le mieux l’alliage rare du littéraire et du populaire.

Grégoire Leménager

Le Nouvel Observateur

Outre les pages littéraires de l’hebdomadaire auxquelles il collabore depuis 2007, Grégoire Leménager, par ailleurs membre du comité de rédaction de la revue Labyrinthe, pilote le site Bibliobs.com

Qui l’aura ? Pierre Lemaitre. J’ai l’impression que le Goncourt aime récompenser un livre qui s’adresse à un public large, de manière à ce que son bandeau rouge s’affiche sur un maximum d’ouvrages. L’approche du centenaire de la guerre de 1914 pourrait également contribuer à en faire un Goncourt.

Qui le mérite ? Jean-Philippe Toussaint, ce serait un beau prix de consécration. Il figure avec Jean Rolin parmi les grands écrivains de cette rentrée. Il a su forger un style qui n’appartient qu’à lui.

Augustin Trappenard

Canal+, Elle, France Culture

Depuis la rentrée, il reçoit chaque jour un libraire, en partenariat avec Livres Hebdo, sur l’antenne de France Culture où il anime par ailleurs son « Carnet d’or ».

Qui l’aura ? Pierre Lemaitre, car après avoir sacré un roman exigeant l’année dernière, l’académie a tout intérêt à couronner un succès populaire. Pour qu’un prix reste le plus prestigieux, il faut qu’il soit le plus prescripteur.

Qui le mérite ? Jean-Philippe Toussaint, aux éditions de Minuit qui tardent à être récompensées ! Donner le prix au dernier tome de sa tétralogie, ce serait couronner un cycle romanesque de toute beauté, et l’idée que la littérature est avant tout un art.

Pierre Vavasseur

Le Parisien, France Inter, France Info

Responsable des pages livres du Parisien, Pierre Vavasseur est chroniqueur dans « Comme on vous parle », le mercredi sur France Inter, et dans « Débat culture », le vendredi sur France Info.

Qui l’aura ? Jean-Philippe Toussaint, car il faut bien récompenser une œuvre. Son livre boucle quelque chose et les Goncourt sont sensibles à cela, ils n’osent plus passer à côté d’auteurs ou d’œuvres médiatiquement célébrés. Ici il s’agit d’une vraie œuvre et d’une vraie plongée dans le sentiment.

Qui le mérite ? Laurent Seksik. Grâce à lui on connaît tout sur l’époque, sur Einstein et sa famille. Il se comporte en journaliste inspiré et sait toujours mettre en relief la part d’ombre d’une vie pour en faire un très grand roman. Même si son livre est considéré comme un essai, il mérite le Goncourt car c’est le roman d’une vie. <

Les dernières
actualités