En ce temps-là, les politiques avaient partie liée avec la littérature. Les ministres de la Culture lisaient, les présidents écrivaient. Certains se laissaient peindre en héros de roman. En la matière, nul n’a jamais égalé François Mitterrand. Ses clairs-obscurs continuent de faire la fortune de l’édition française. Il y eut récemment un roman de Bruno Roger-Petit, Authentiquement français (Héloïse d’Ormesson, 2011), le récit biographique de David Le Bailly, La captive de Mitterrand (Stock, 2014, prix Roger-Nimier). Il y a désormais le premier roman de Pascal Louvrier, Je ne vous quitterai pas.
Voilà déjà quelques années que Louvrier maraude à la lisière de quelques-unes de nos mythologies contemporaines, consacrant des livres aussi bien à Philippe Sollers ou Françoise Sagan qu’à Fanny Ardant, Michel Delpech ou Alain Juppé… Son roman, c’est l’histoire de deux sphinx pour le prix d’un. François Mitterrand bien sûr, de "l’attentat" des jardins de l’Observatoire jusqu’aux derniers jours, et l’un de ses plus fidèles compagnons de route, l’écrivain Jacques Libert. Parallèlement à une vie littéraire couronnée de succès, Libert a accompagné Mitterrand, mi-confident mi-exécuteur de plus ou moins basses œuvres, sans jamais en faire état dans un livre. On le découvre en 2012, septuagénaire condamné par une maladie du cœur, réfugié en sa vaste demeure de Normandie. Sur les conseils d’un homme politique de ses amis, il ouvre sa porte à Louise, une jeune femme étudiante en philosophie, venue pour faire le ménage, chez lui et dans ses souvenirs. Tout y passera comme en un dernier salut, Mitterrand et la mort étrange de sa femme, Laure.
Il serait vain de chercher quelque clé que ce soit à cette histoire où triomphent la séduction des vieux messieurs et surtout celle du romanesque. Pour ses débuts dans la carrière, Pascal Louvrier n’a écouté que son bon plaisir. Il a bien fait. Olivier Mony