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Les éditeurs russes contre la guerre

Olivier Dion

Les éditeurs russes contre la guerre

Dans une lettre ouverte, les professionnels de l'édition russes exigent la fin de la guerre, tandis que le directeur général du groupe éditorial Eksmo évoque un conflit injustifiable. L'Association des éditeurs et des libraires géorgiens a également condamné l'attaque.

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Par Adriano Tiniscopa
Créé le 03.03.2022 à 18h27 ,
Mis à jour le 04.03.2022 à 10h48

Le vent de contestation qui traverse le monde de l'édition depuis l'agression russe du jeudi 24 février ne s'essouffle pas. Et il souffle des deux côtés de l'Oural. Les plus grandes maisons d'édition de Russie ont signé une lettre ouverte dans laquelle elles demandent la fin de la guerre. Pour Evgeny Kapyev, DG d'Eksmo, plus grand groupe éditorial russe, ce sont « les jours les plus horribles et désespérés pour beaucoup de Russes et d'Ukrainiens ».

Dans une lettre publiée en ligne le 27 février, des centaines de professionnels du monde du livre et de l'édition russes, traducteurs, critiques, illustrateurs, imprimeurs, etc., demandent à ce que la « guerre cesse immédiatement et que ses initiateurs, et les participants à cette agression militaire, soient démis de leurs rangs et de leurs titres et traduits devant la justice. » Les maisons d'édition Bumkniga, Cuk i Gik, Sinbad, Alt Graph, Jaromír Hladík press, Pollen Press, Corpus, Cloudberry, White Crow, etc., ont notamment signé cette tribune qui rappelle que « l'expérience accumulée durant des siècles » grâce aux livres « nous a appris que la guerre est un crime et que la valeur de la vie humaine est inconditionnelle. La guerre doit s'arrêter ! ».

Le groupe Eksmo a déjà été dans le viseur du gouvernement ukrainien qui, en 2019, a imposé des sanctions (économiques notamment) à une longue série d'entités et de personnes. La maison d'édition, qui publie 10 000 titres par an et représente 30 % des ventes annuelles de livres en Russie, est interdite d'activité depuis en Ukraine. Elle est accusée de disséminer de la propagande bien que son DG Evgeny Kapyev se soit déjà défendu selon PublishersWeekly « d'être libre de toute influence politique ». Sans condamner l'agression militaire, Evgeny Kapyev rappelle que les éditeurs sont aussi responsables de ce qui se passe, car « responsables du développement des idées de l'humanité et de la compréhension mutuelle ». Lui le premier, en tant que DG du plus grand groupe d'édition russe, il avoue « ne pas avoir fait de son mieux pour empêcher cette situation. »

Les éditeurs et libraires géorgiens font part de leur côté de leur solidarité avec l'Ukraine, croyant avec force que cette « guerre conduira à la défaite de l'empire du mal. ». L'Association des éditeurs et des libraires géorgiens, qui a « déjà expérimenté les conséquences dévastatrices de l'impérialisme russe », fait part, dans une lettre ouverte adressée au peuple ukrainien, de « son soutien inconditionnel à la lutte des Ukrainiens contre la Russie de Vladimir Poutine ». La Géorgie était en proie en 2008 à une guerre éclair après que la Russie ait reconnu l'indépendance des deux territoires séparatistes du pays, l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie.

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