7 MARS - ROMAN états-Unis

Névroses, violence perverse des rapports entre parents et enfants et au sein des couples... On sait depuis Sukkwan Island (prix Médicis étranger 2010) et Désolations que David Vann est un maître du huis clos et des heures de vérité. Impurs ajoute un nouveau chapitre à ce terrible univers de folie familiale et de règlements de comptes entre soi.

Changement de climat : au froid et à l'humide de l'Alaska, lieu de naissance de l'écrivain et théâtre de ses deux romans précédents, succèdent le chaud et le sec de l'aride Vallée centrale de Californie. Galen, 22 ans, habite dans la banlieue de Sacramento, une vieille et grande maison isolée, au milieu d'un verger de noyers, avec sa mère dont la présence exagérément prévenante oppresse le garçon qui attend depuis quatre ans un départ pour l'université sans cesse différé. Contemplatif et solitaire, attiré par les expériences New Age, il se sent comme «une vieille âmeapprochant de la transcendance », enfermée dans un corps malingre. Il tente de s'abstraire du monde - «un immense déluge où rien ne s'arrêterait jamais. Impossible à contrôler, impossible à contenir » - en lisant et relisant Siddhartha, Le Prophète de Gibran et Jonathan Livingston le goéland, en méditant ou en se masturbant sur des numéros d'Hustler. Il vit comme prisonnier dans un univers exclusivement féminin, entouré de sa grand-mère maternelle, riche veuve d'origine islandaise qui perd la mémoire dans une maison de retraite. La « mafia », comme il appelle sa famille, compte aussi sa tante et sa cousine Jennifer, un magnifique spécimen de garce allumeuse de 17 ans qui fait tourner le jeune puceau en bourrique dans un jeu sadomaso avec explicites scènes de sexe.

Les actifs de la grand-mère, magot qui fait l'objet de convoitise et de jalousie entre les deux soeurs, et le passif sentimental mère-filles et mère-fils seront les catalyseurs de ce drame au soleil.

Car inutile de préciser que tout ça va mal se terminer. Mais avant d'arriver au dénouement, David Vann aura construit avec cette tranquillité suffocante l'effrayant et imprévisible enchaînement des circonstances. Comme le pense Galen : «il pouvait se produire n'importe quoi, à n'importe quel moment ». Dans les romans de David Vann aussi.

11.10 2013

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