Si le récit est romancé autour du personnage de Maud, incarné par Carey Mulligan, complètement fictif, il introduit une protagoniste bien réelle: Emmeline Pankhurst, figure engagée de cette lutte où la fin justifiait tous les moyens. Dans le film, la fondatrice du Women's Social and Political Union est interprétée par Meryl Streep. Au Royaume-Uni, cette icône a fait l'objet de plusieurs biographies, notamment celle de June Purvis parue chez Routledge en 2002. En France, l'éditeur Ampelos vient de publier le premier tome de son autobiographie, Suffragette: la genèse d'une militante, préfacé par Anne Nègre. L'ouvrage avait initialement paru en Angleterre en 1914.
D'autres livres évoquent les suffragettes outre-Manche ou ailleurs. En 2012, Claire Delahaye a écrit Wilson contre les femmes: conquérir le droit de vote aux Presses Sorbonne nouvelle à propos du même combat, mais aux Etats-Unis. Mais la première "suffragette" est française. Hubertine Auclert a créé en 1876 l'Association pour le droit des femmes, qui sera dissoute l'année suivante avant de renaître sous le nom de la Ligue française pour le droit des femmes, dont le président d'honneur était Victor Hugo.
En 2013, Jean-Louis Debré et Valérie Bochenek avaient évoqué cette femme d'exception dans Ces femmes qui ont réveillé la France (Fayard). Mona Ozouf lui avait rendu hommage dans Les mots des femmes: essai sur la singularité française (Fayard, 1995). Par ailleurs les écrits d'Hubertine Auclert ont été publiés: La citoyenne (Syros, 1982), Les femmes arabes en Algérie (L'Harmattan, 2010) ou des textes choisis dans Hubertine Auclert, pionnière du féminisme (Bleu autour, 2007).
Au Québec, Fides a réédité en mars dernier une biographie de la "suffragette en chef" de la province canadienne, Thérèse Casgrain (Thérèse Casgrain: la gauchiste en collier de perles, de Nicolle Forget). Car si les Canadiennes pouvaient voter aux élections provinciales dès 1916, les Québécoises ont dû patienter jusqu'en 1940. Soit quatre années avant les Françaises.