Etrange sentiment en revenant dans la grande famille des blogueurs, je découvre un monde qui n'est ni tout à fait le même ni tout à fait un autre. Une figure quasiment disparue de ce monde qu'elle a marqué dans le milieu des années 2000 avoue, sous la condition de l'anonymat : « Je ne suis plus ce monde maintenant. Sauf quelques blogs littéraires, même pas de quoi faire les dix doigts de la main, que des personnes que je connais et avec lesquels j'ai de réelles affinités. Ce que j'ai pu voir de la blogosphère, de ses dérives, de cette boulimie de lecture et de challenges me parait aujourd'hui incongru. Je suis passée par là... Mais crouler sous les piles de services de presse et les avis des uns et des autres, ne laissait plus aucune place à la totale découverte. » Désenchantée Madame X ? Peut-être, mais une petite nouvelle, « Une comète », qui a fêté fin janvier le premier anniversaire de son blog « Aux bouquins garnis » , est, elle, encore pleine d'enthousiasme : « Ce petit blog ne m'a apporté que du bonheur même si c'est chronophage ! Des livres, toujours plus de livres, des copains, des échanges fructueux avec des auteurs, une bonne reconnaissance littéraire. J'ai même été sélectionnée pour le jury de la collection Points (Seuil) ! Merci aussi à ceux qui passent, me lisent, commentent ou ne commentent pas. J'ai appris à faire avec. Tenir un blog c'est rester humble et se contenter d'être là, d'être une petite voix, toute petite voix, et de laisser les gens libres de laisser leur empreinte ou pas, sans se formaliser. » Entre Mme X et Comète, Luocine , plus âgée sans doute, qui a « ouvert ce blog pour garder une trace des livres » qu'elle lisait et qu'elle lit encore plus maintenant. S'adressant à moi elle ajoute -signe d'une des grandes motivations de la floraison de tous ces blog : « Je sais que vous êtes journaliste. Sans vous froisser, j'avoue être très contente de m'être débarrassée des critiques de presse, qui furent longtemps ma seule source d'informations. Je finissais par me demander s'ils avaient lu les livres dont ils parlaient et je devinais, même sans avoir lu leurs critiques s'ils allaient aimer ou pas tel ou tel livre en fonction de l'écrivain, de son parcours politique et de sa maison d'édition. » Les critiques, d'ailleurs, sauf ceux qui ont déjà perdu leur emploi, n'aimaient guère au début ces amateurs qui leur faisaient, non sans raison, la leçon... Immuables les blogs littéraires ? Pas vraiment. La technique va si vite que l'on se fatigue presque aussi vite. Depuis les premiers blogs, on a vu naître les réseaux sociaux, Facebook, Twitter, Tumblr, etc. Etre sur tous les fronts n'est pas facile. Le blog est plus exigeant. A force de lire à marche forcée, on se lasse, on se découvre aussi. Pourquoi alors ne pas évoquer ses coups de cœur musicaux, cinématographiques, etc ? Ça va plus vite, et si on aime les livres on aime aussi ce qu'un ministre appellerait les « objets culturels ». Certains se sont pris aussi de passion pour les séries, la plupart américaines, mais aussi britanniques, nordiques, etc. Le Golb , universitaire tendance littérature anglo-saxonne, entre de beaux textes personnels et des odes aux sœurs Brontë, à David Bowie, Dantec et Ledzep, est ainsi devenu le spécialiste ès-séries. D'autres, comme la très drôle Fashion auteur du blog « Happy Few », « avec de la Kultur à l'intérieur » a, commencé à se lancer dans les « harlequinades » avec une telle passion qu'elle a libéré certaines de ses camarades un peu figées dans l'admiration de la « Littérature ». De la chick-lit (la littérature de poulettes) on est arrivés doucement au le mum porn (le porno de la ménagère de 50 ans). Ah, je vous vois tout émoustillés... Eh bien rendez-vous à demain ! (à suivre)