2 mai > Histoire états-Unis

Howard Zinn (1922-2010) est connu pour son Histoire populaire des Etats-Unis publiée en 1980 (Lux/Agone, 2002) et vendue à plus d’un million d’exemplaires dans le monde. Mais l’homme est aussi célèbre pour ses prises de position en faveur de la lutte des Noirs, contre la guerre du Vietnam, son opposition farouche à Richard Nixon ou à George W. Bush.

Martin Duberman- Photo DR/LUX

Martin Duberman se propose de nous raconter la vie de cet historien que les Français perçoivent mal. Comme les Américains, d’ailleurs. L’homme s’est toujours défié des médias, des papiers et des traces qu’il pouvait laisser en dehors de ses livres. Il a détruit tout ce qui relevait de sa vie privée, de ses fréquentations, de ses émotions pour ne garder que les idées exprimées.

Martin Duberman a donc enquêté, en fouillant les archives, en interrogeant ses proches. Il présente un homme tel qu’il s’est montré, mais peut-être pas tel qu’il était, un militant aux options tranchées. Une vie publique donc, une vie écrite aussi qui suit les méandres de la politique.

La source média référencée est manquante et doit être réintégrée.

Il y a les origines modestes, une famille juive d’Europe centrale, des parents qui travaillent dur pour peu d’argent, les conversations en yiddish à Brooklyn, les sales boulots sur les chantiers navals de New York, la lecture de Dickens, Sinclair, Steinbeck, puis la guerre et l’engagement dans l’armée de l’air.

Du 14 au 16 avril 1945, des bombardiers américains larguent les premières bombes au napalm sur Royan. Dans l’un de ces avions se trouve Howard Zinn. L’expérience en fait un pacifiste et le pousse vers les bancs de l’université où il choisit l’histoire. Il veut comprendre pourquoi les Américains ont lâché deux bombes sur Hiroshima et Nagasaki alors que les Japonais avaient envisagé une reddition négociée, et pourquoi les Anglais ont déversé des bombes incendiaires sur Dresde. Avec constance, Zinn pratique si bien la désobéissance civile que le FBI ouvre un dossier sur lui dès 1949 ! D’abord professeur au Spelman College d’Atlanta réservé aux étudiantes noires, puis à l’université de Boston, il s’engage contre la ségrégation, les guerres, l’injustice.

Avec sa femme Roz, ils forment un couple qui connaît des vicissitudes, mais tiendra bon dans toutes les tempêtes. Martin Duberman nous dit combien Zinn aimait ces combats-là ! Il avait de plus le goût du théâtre, de la représentation. En cours ou dans les meetings politiques aux côtés de Joan Baez, il exultait.

C’est ce qui rend sa biographie captivante pour un lecteur français. Son travail peut se lire comme le roman d’un intellectuel américain qui, en dépit d’un héritage contesté par son manque de nuance, a eu le grand mérite de déplacer l’angle de vue pour regarder le passé en donnant la parole aux plus modestes, aux Indiens, aux esclaves, aux ouvriers, aux déserteurs. Pour Zinn, l’histoire n’appartient pas qu’aux vainqueurs. Elle est chargée de valeurs. Il a ainsi montré aux historiens leur responsabilité comme citoyens.

L. L.

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