C'est une véritable situation orwellienne que vivent Andrey Yanushkevich et Nasta Karnatskaya, les gérants de la librairie Knihauka à Minsk, capitale de la Biélorussie. Tous deux ont été arrêtés le 16 mai alors qu'ils continuaient à vendre 1984, l'opus de Georges Orwell, l'un des titres interdits par le gouvernement biélorusse et qui devait être définitivement retiré des rayons du pays le 19 mai. Leur magasin a été fouillé et 200 livres ont été saisis.
La Fédération des éditeurs européens, l'IPA (International Publishers Association) et l'EIBF (European and International Booksellers Federation) font part de leur inquiétude dans un communiqué publié mercredi. Pour Eric Einarsson, du Comité pour la liberté de publier de l'IPA : "nous avons accueilli des éditeurs biélorusses indépendants dans la sélection 2021 du Prix Voltaire de l'IPA (...). Nous savons que des incidents comme celui-ci vont certainement amener auteurs, éditeurs et libraires à s'auto-censurer. Nous continuerons à soutenir tous ceux qui veulent publier librement."
S'associant à ce soutien, Jean-Luc Treutenaere, co-président de l'EIBF, dit sa préoccupation "de l'interdiction des livres, des perquisitions dans les librairies et de la censure généralisée en Biélorussie ", et Peter Kraus Vom Kleff, président de la Fédération des éditeurs européens revient sur l'ironie de l'interdiction de 1984. "Le livre de George Orwell dénonce le totalitarisme et la surveillance de masse, dit-il. Ce sont des phénomènes qui, avec la manipulation des faits et de la vérité en politique, interpellent les dirigeants et toute la société. Aucun livre et peut-être particulièrement celui-là, ne devrait être interdit. La liberté de publier et de vendre des livres est fondamentale dans une société démocratique."