C'est une histoire de monstre qui a toujours terrifié les mômes, des deux côtés du fleuve Mersey. Tous croient dur comme fer que le « Désosseur » vit dans un tunnel, dans les bois, et ils conjurent leur peur en chantant ce vieux refrain : « Il t'attrapera, il te fera pleurer, il coupera dans ta chair, il gardera tes os. » Alors qu'elle était enfant, l'enquêtrice de police Louise Henderson a été traumatisée par cette légende urbaine. Ses cauchemars refont surface lorsqu'une femme, qui a été séquestrée, est retrouvée hagarde et à moitié amnésique en train d'errer au milieu de la foule en fredonnant la chanson du Désosseur.
La policière elle-même n'a jamais pu raconter ce qui était arrivé ce jour où elle était entrée dans le fameux tunnel, même pas à son ami et supérieur Shipley ; elle a construit sa vie en organisant le vide autour d'elle et a envisagé la police comme une sorte de famille de substitution. Tandis que les badauds filment les flics en action, et alors que les cadavres jonchent littéralement les pages de ce thriller plutôt fascinant − malgré son titre lourdaud −, on plonge dans les entrailles de la ville, avec ses couches de misère sociale, ses familles entières ravagées par la drogue... Curieusement, le tueur s'en prend surtout aux fugueurs, parias et autres SDF, « les oubliés qu'on laissait s'effondrer en silence dans les rues ».
Un roman allégorique plutôt habile qui, tout en dénonçant les tares du système, est une ode émouvante à notre « terre d'enfance », et qui se conclut par une géniale trouvaille.
Le désosseur de Liverpool Traduit de l'anglais par Philippe Vigneron
L’Archipel
Tirage: 4 400 ex.
Prix: 22 € ; 384 p.
ISBN: 9782809841497