La décision des autorités marocaines d'interdire dans leur pays la distribution du numéro du dimanche 26 février du quotidien espagnol
El País contenant des bonnes feuilles du
Roi prédateur, de Catherine Graciet et Eric Laurent, paru ce jeudi 1er mars au Seuil, a provoqué, après celle de l'éditeur (lien :
notre actualité du 28 février), une vive réaction de l'Union internationale des éditeurs (UIE) qui demande au gouvernement de respecter ses obligations internationales en matière de liberté d'expression en revenant dès à présent sur sa décision.
«L'UIE condamne cet acte de censure et demande aux autorités marocaines de respecter leurs obligations internationales en matière de liberté d'expression en autorisant la distribution du livre au Maroc», indique l'organisation dans un communiqué.
Président du comité Liberté de publier de l'UIE, dont le P-DG du Seuil, Olivier Bétourné, est membre, Bjørn Smith-Simonsen annonce que
«le conseil des droits de l'homme des Nations unies sur l'Examen périodique universel (EPU) examinera prochainement à Genève la situation des droits de l'homme au Maroc lors de sa prochaine session au mois de mai».
Premier partenaire commercial de la France au Maghreb dans le secteur de l'édition, le Maroc ferme fréquemment sa porte à des titres qui mettent en cause son régime.
Mohamed VI, le grand malentendu, d'Ali Amar (Calmann-Lévy, 2009) ainsi que, chez le même éditeur, son dernier opus co-écrit avec Jean-Pierre Turquoi,
Paris Marrakech Luxe, pouvoir et réseaux, sont à ce jour introuvables au Maroc. C'est aussi le cas de
Notre ami le roi, de Gilles Perrault (Gallimard) ;
Le Jour du Roi, d'Abdellah Taïa (Seuil, prix de Flore 2010) ;
Réquisitoire contre un despote, de Mohamed Diouri ;
Tazmamart : une prison de la mort au Maroc, de Christine Serfaty (Stock) ;
Le dernier roi : crépuscule d'une dynastie, de Jean-Pierre Turquoi (Grasset), ou encore, plus récemment,
Le Dernier Combat du Captain Ni'mat, du Marocain Mohamed Leftah (La Différence).
Des libraires marocains parmi lesquels Pierre Hamelin, directeur de la librairie des Colonnes, et Ahmed Abbou, propriétaire de la librairie La Virgule, à Tanger, admettent par ailleurs subir des pressions de hauts responsables du ministère de la communication marocain.