De son enfance passée dans une cabane, dans la forêt de l’Ontario, Margaret Atwood a en effet conservé un goût certain pour la mécanique. "Avec mon frère, nous fabriquions des petits jouets. Je devais aussi conduire et réparer le bateau à moteur. J’aimais savoir comment fonctionnent toutes sortes de choses", raconte l’auteure. "Alors, quand les nouvelles technologies sont arrivées, j’ai eu envie de voir et de savoir comment marchent ces trucs. Mais je ne sais pas coder !", s’amuse-t-elle.
Depuis l’arrivée de l’ordinateur qui lui a permis, dit-elle, de s’auto-corriger, la Canadienne s’est muée en technophile. Elle voit d’ailleurs Internet comme un outil capable de stimuler les jeunes pour l’apprentissage de la lecture, mais aussi comme un nouveau support de diffusion pour les auteurs : "Au 19e siècle, beaucoup de créations littéraires, comme Sherlock Holmes, ont vu le jour grâce au modèle du roman-feuilleton qui était publié par épisodes dans les journaux. Aujourd’hui, Internet peut prendre le relai".
Mais il reste une innovation à laquelle la lauréate du Booker Prize 2000 n’a pas succombé : le livre numérique. "Il est presque impossible de lire un livre long ou complexe sur liseuse, estime-t-elle, De plus, nous savons à présent que la relation entre la main, l’écrit et les yeux est plus forte sur support papier".
Fantaisiste, Margaret Atwood se plait à imaginer Emma Bovary en train de tweeter ses après-midis et évoque un projet futuriste auquel elle participe. Elle est la première romancière à s’être lancée dans le projet "Future Library" (bibliothèque du futur), imaginé par l’auteure écossaise Katie Paterson. Mille arbres ont été plantés cet été en Norvège : dans un siècle, ils seront coupés pour être transformés en cent livres. Chaque année, un écrivain sera invité à rejoindre Margaret Atwood pour ajouter son livre à l’aventure. Et ceux-ci ne seront ouverts… qu’en 2114.