Militante médiatique. Le JT constitue toujours un moment solennel, voire sacré. En Russie, c'est un programme particulièrement sous contrôle. Pourtant, un événement inattendu, relayé par les réseaux du monde entier, a secoué l'édition du 14 mars 2022. Alors qu'une journaliste phare présente les infos en direct sur la chaîne étatique russe Pervy Kanal, sa consœur Marina Ovsiannikova brandit une pancarte, écrite à la main : « NO WAR ». Une façon de dénoncer la guerre meurtrière menée en Ukraine. Le faire aux yeux de tous, en seulement six secondes, représente un acte audacieux. D'autant que « toute forme de protestation est suicidaire » dans l'empire de Poutine. Encouragée par certains, censurée, menacée ou accusée d'être une espionne britannique par d'autres, la jeune inconnue devient celle qui ose défier ce chef d'État redouté. « Poutine nous a imperceptiblement privés de tout : d'élections démocratiques, de tribunaux et de médias indépendants. » C'est en travaillant au service international de la chaîne que Marina a découvert « des images de guerre terrifiantes : des villes ukrainiennes en ruine, des corps inanimés, la litanie interminable des colonnes de réfugiés ». Un défilé tragique dont ses compatriotes, à qui l'on fait croire que l'intervention est temporaire, sont privés. « Arrêtez la guerre. Ne croyez pas à la propagande. Ils vous mentent ici. Ce qui se passe actuellement en Ukraine est un crime. La Russie est le pays agresseur. » Arrêtée à plusieurs reprises, Ovsiannikova va rapidement payer le prix de cette dénonciation publique. Elle ne peut plus exercer son métier de reporter comme elle le souhaite. Cette mère de famille divorcée, assignée à résidence, redoute par ailleurs de perdre la garde de ses enfants. Face à l'étau qui se resserre, elle n'a plus qu'un choix : fuir, grâce à la complicité de Reporters Sans Frontières. Marina Ovsiannikova, qui préserve ses mystères, bénéficie désormais de l'asile politique en France, mais elle ne peut pas se détacher de sa terre natale. Elle prend cette fois-ci la plume pour pousser son cri, et publie ce récit qui revient sur ses origines, son parcours de vie - elle a été plusieurs fois obligée de tout recommencer à zéro - et ses opinions sans équivoque. « Je hais la guerre. Toutes les guerres... Je veux que mes enfants vivent dans un pays libre. La lumière doit l'emporter sur les ténèbres. »
No war : l'incroyable histoire de la femme qui a osé s'opposer à Poutine Traduit du russe par Sebastian Danchin et Sophie Guyon
Archipel
Tirage: 6 000 ex.
Prix: 21 € ; 256 p.
ISBN: 9782809847789