Si les maisons de poche ne lésinent pas sur les moyens pour faire briller leurs titres en librairie, notamment par le biais d’affiches et de présentoirs, elles créent aussi des événements singuliers autour de leurs parutions. J’ai lu mène la course dans le domaine et invite en septembre la star allemande de l’épanouissement personnel, Eckhart Tolle, pour une "méga-séance" de méditation au Grand Rex. Le Livre de poche, lui, cherche à toucher un public jeune. En janvier, à la librairie Mollat à Bordeaux, l’éditeur a organisé une battle d’écriture entre deux équipes de lycéens s’affrontant sur les Lettres persanes de Montesquieu. La filiale d’Hachette renouvelle cet été pour la quatrième année consécutive son opération "Le camion qui livre", proposant aux vacanciers la sélection d’un libraire local directement sur la plage. Des ateliers d’écriture organisés en partenariat avec l’association le Labo des histoires viendront d’ailleurs animer chacune des étapes.
Tournées promotionnelles et goodies
Les principaux éditeurs sur le marché du poche se font aussi concurrence en thématisant leurs opérations. Pionnier dans ce domaine, Univers Poche organise depuis quelques années des Murder party : des lecteurs de polars se réunissent pour mener une enquête dans un lieu singulier en présence d’auteurs connus. La dernière "Soirée meurtre" a été organisée le 31 mars dans le cadre de Quais du polar à Lyon au musée gallo-romain de Fourvières où 280 "enquêteurs" ont suivi les pistes laissées par des auteurs comme Bernard Minier ou Sire Cédric. La "Petite bibliothèque Payot" choisit, elle, de faire redécouvrir tout au long de l’année des récits de voyage signés par des auteurs "excentriques", comme Anita Conti. Les opérations Voyageurs, en mai-juin, Histoire, en septembre, et Irrésistibles, en novembre, rythment les parutions. La filiale poche du Seuil, Points, fait aussi voyager ses lecteurs avec son tour du monde, En 80 points.
En mars, l’escale italienne fait honneur à Donna Leon, et en juin, pour l’escale africaine parrainée par Alain Mabanckou, les libraires se verront offrir des mètres de tissus africains wax pour décorer leurs vitrines avec les ouvrages de John Maxwell Coetzee ou de Tahar Ben Jelloun. Des tissus colorés, c’est aussi le pari de Zulma, qui offre aux libraires une étole aux tons et motifs de leur graphiste mythique David Pearson pour toute mise en avant de leur collection de poche "Za". La marque de semi-poche Préludes suit la tendance avec une fouta rose pour les libraires qui commanderont 30 volumes de la collection. Une myriade de goodies accompagnent aussi les gros événements, comme Quai du polar où, pour deux polars achetés, Points offrait aux lecteurs un mug siglé "Tu ne tueras point", et Le Livre de poche une tasse en émail. L’éditeur est allé jusqu’à nouer un partenariat avec la marque Illy pour offrir une cafetière aux gagnants d’un concours lancé sur les réseaux sociaux.
Tournées ou cadeaux, les éditeurs vont plus loin en impliquant les lecteurs dans des jurys. Les prix littéraires organisés par les maisons de poche au sein de leurs catalogues s’imposent définitivement comme des valeurs sûres en termes de marketing, et chaque éditeur y va de son partenariat. J’ai lu s’associe depuis l’année dernière au prix Page des libraires/On l’a lu, qui élit des romans dans les catégories policier en avril et littérature en septembre. Folio, dont le fonds est largement prescrit à l’école, a organisé pour la première fois le prix des Lycéens Folio, où des élèves encadrés par des professeurs et des documentalistes choisissent un lauréat parmi 8 titres présélectionnés et parus récemment chez Folio. Le prix sera remis en mai par le parrain de cette première édition, David Foenkinos. Quant au Livre de poche, il renouvelle son partenariat avec les supermarchés U qui depuis 2016 organisent un prix des Lecteurs. A partir d’une sélection de 8 romans, un jury de clients du réseau U choisira fin avril son lauréat.